Fondée en 1964, l’Association des Amis de l’Océan Indien était à ses débuts, composée de trois adhérents. Ils sont aujourd’hui 3 623, répartis dans 39 pays des 5 continents. Fêter un demi-siècle d’existence, c’est l’occasion de se retourner en arrière et de se projeter vers l’avant. En 50 ans. Les AOI se sont déployés dans de nombreux secteurs d’activité afin de développer des relations humanitaires, économiques, culturelles, touristiques et sportives entre la Normandie et les Nations de cette région du Monde. Ce fut d’abord l’envoi de fournitures scolaires et médicales à des populations défavorisées. Très vite l’économie a pris le dessus.
19 000 emplois en Normandie. Dans de nombreux pays, l’artisanat à base de bois, de matériaux de récupération, de bambous ou de textile fait l’admiration de rares touristes en mal de découverte. Cela n’était pas suffisant et il fallait améliorer la promotion des pays. C’est que cette dynamique association a reçu 303 Ambassadeurs et 57 ministres étrangers en Normandie, durant cette période. Ces personnalités ont découvert les potentialités d’entreprises normandes et la vivacité des Ports de Rouen et du Havre qui assurent 60% du trafic maritime entre la France et Madagascar. Selon une étude très précise, les relations économiques et commerciales avec l’Océan Indien généraient près de 19 000 emplois dans les 5 départements normands et environ 200 000 dans les pays partenaires dont le premier d’entre eux est Madagascar. Ces bonnes relations ont également permis d’attirer dans les Universités et Grandes Ecoles de Haute et Basse Normandie des étudiants, qui à l’issue de leur parcours d’études deviendront à leur tour de fidèles partenaires de ceux qui les ont aidés à débuter dans la vie active. La réciprocité marche également dans l’autre sens, puisque des jeunes du Havre, de Dieppe, de Rouen, de Grand Quevilly et d’Evreux n’hésitent pas à traverser les Océans pour achever leur formation diplômante ou suivre des stages professionnels.
Le sport, la culture, les rencontres… 50 ans d’activités c’est aussi la rencontre des grands hommes comme Nelson Mandela, Fidel Castro, les Rois de Thaïlande, et de Malaisie, les Présidents de la République de Madagascar, des Seychelles, des Comores, de Maurice, du Kenya, de l’Indonésie, du Sri Lanka, du Pakistan, de l’Inde, du Bangladesh, ou des Philippines…
Les artistes, musiciens, chanteurs, danseurs ou peintres, d’une quarantaine de pays se sont produits depuis 50 ans en Normandie. Du côté malgache, les plus grands chanteurs musiciens comme les Surfs, Henri Ratsimbazafy, les Railovy, Lolo sy ny Tariny et plus récemment Francis Turbo et Goth Lieb ont enflammé les salles de spectacle normandes. De nombreuses troupes de cette région de l’Ouest de la France ont elles aussi enthousiasmé le public malgache à Tanà, à Antsirabe, Morondava, Tuléar, Fort Dauphin, Tamatave ou Diégo-Suarez.
Les échanges sportifs sont également développés. Pour la préparation des Jeux Olympiques de Londres en 2012, 860 athlètes étrangers se sont déplacés en Seine maritime afin de bénéficier d’installations de qualité et d’un encadrement compétent. Dans un passé récent, de jeunes footballeurs malgaches ont été reçus dans le centre de formation du Havre et plusieurs d’entre eux sont devenus professionnels. Des haltérophiles, des lutteurs, des boxeurs, des nageurs, athlètes et marcheurs de la Grande Ile se sont déplacés eux aussi pour bénéficier du bon air vivifiant de la région normande et pouvoir s’entraîner de façon active. C’est à Sotteville Les Rouen que Toussaint Rabenala a réussi pour la première fois 17 m au triple saut. C’est également dans ce club Sottevillais que 4 athlètes malgaches sont devenus champions de France.
Madagascar a été invité d’honneur de la Foire internationale de Rouen en 1989, de Fécamp en 1998 et de Dieppes en 2003 et participe régulièrement à plusieurs salons artisanaux. C’est chaque fois l’occasion pour les Normands de découvrir les réalisations de ces artisans très ingénieux.
Comme vous le voyez, nous sommes très optimistes pour l’avenir de Madagascar et de ses habitants.
L’association des Amis de l’Océan Indien a décidé de suivre les efforts de chacun et d’accompagner la Grande Ile dans son désir de développement et sa recherche de bien-être.
Francis HERBET
Et si la région d’Ampefy devenait un haut lieu du tourisme à Madagascar ?. Le hasard fait souvent bien les choses. Un déplacement imprévu, une rencontre inattendue font que l’on découvre des gens surprenants à l’enthousiasme débordant qui ne connaissent pas de répit dans leur soif d’accéder à ce qui peut être considéré comme l’œuvre d’une vie. En France, l’histoire du facteur Cheval est très célèbre. Ce préposé au courrier en allant distribuer les lettres aux habitants de son village ramassait tout ce qui traînait par terre ou sur les bords des routes, afin de pouvoir construire « le château de ses rêves. » Bâtie de bric et de broc avec des pierres, des silex et du bois local, cette maison fait encore l’admiration des touristes qui en vrais pèlerins viennent se recueillir sur l’œuvre de ce facteur Cheval que beaucoup n’hésitaient pas à considérer comme fou, alors que plusieurs années après sa mort ce Monsieur original est considéré comme un véritable génie.
Pour ANDRIAMAMPIANINA Hambinintsoa, le concepteur du secteur touristique des Eucalyptus à Ampefy, son projet possède de nombreuses similitudes avec celui du facteur Cheval. Les génies se ressemblent et possèdent en commun un grain de folie indispensable pour mener à terme une ambition considérée comme démesurée pour le commun des mortels.
172 hectares à mettre en valeur. Sur la commune d’Ankorondrano peuplée de 1 500 habitants, des Français avaient remarqué un terrain volcanique bon pour l’agriculture et notamment pour développer l’aleurite (bakaly) une plante qui produit de l’huile pour les machines à moteur. Ces Français avaient fait venir des travailleurs émigrés venant du Sud de Madagascar « Antandroy » afin d’exploiter ce terrain de 172hectares et 1800 ares. En 1974-1975 la seconde République a procédé à de nombreuses nationalisations (par exemple : la SICE ou la SOMACODIS). Les Français avant d’être expulsés avaient monté un dossier de financement à la banque BTM, sont partis en abandonnant tout, y compris les dettes à la banque. Seize ans après, en 2001, la BTM décide de vendre cet immense terrain au plus offrant. C’est ainsi que ANDRIAMPAMPIANINA Hambinintsoa est devenu propriétaire de cet emplacement pour donner libre court à son rêve de toujours : développer un projet d’hôtellerie et créer une école technique, gastronomique et agricole afin d’y former ses futurs employés.
Ce travailleur forcené qui voulait faire de cet endroit un haut lieu de l’activité touristique, gastronomique, de loisirs et surtout de l’excellence malgache s’est immédiatement retroussé les manches. A travers son ingéniosité à utiliser tous les produits issus de la région et recruter une main d’œuvre locale exemplaire, cet homme dynamique et son épouse Vololona sont en train de réussir dans leur entreprise et de participer au développement de leur pays.
Le complexe porte le joli nom d’eucalyptus. Il existe trois sortes d’eucalyptus à Madagascar. La plus connue est le citriodora qui intervient dans la fabrication du thé et des huiles essentielles. Il ne fallait donc pas chercher plus loin pour donner un nom au complexe touristique qui malgré les travaux qui se poursuivent fait déjà l’admiration des visiteurs. La population déshéritée et désœuvrée de la région d’Ampefy a trouvé enthousiasme et joie de vivre en devenant actrice d’un projet gigantesque, devenant maçons, carreleurs, peintres, électriciens, plombiers, jardiniers, mais aussi cuisiniers, serveurs ou femmes de chambres
Le maître des lieux, son épouse Vololona et ses 80 employés réalisent un projet architectural hors du commun. Comprenant 26 chambres, des salles de conférences pour les séminaires et pour les spectacles. Un musée de la maquette de bateau avec 38 reproductions telles celle du Titanic, le Victoria, la Calypso du commandant Cousteau réalisés en bois de rose, d’ébène, ou de palissandre y seront exposés en permanence.
Alors ANDRIAMAMPIANINA Hambinintsoa et Vololona son épouse, les bâtisseurs, sont-ils de doux rêveurs, des fous, des ambitieux ou tout simplement tout à la fois ? Avant de pouvoir juger, prenez la nationale 43, roulez 120km jusqu’à Ampefy et vous, nous en sommes persuadés, serez émerveillés par tant de réalisations… Entièrement malgache.
Francis HERBET
Un téléphérique à Ampefy. ANDRIAMAMPIANINA Hambinintsoa a fait ses études sur la civilisation malgache à l’université de Tuléar. Au lieu de se diriger vers l’enseignement, Andry comme l’appellent affectueusement son entourage et ses amis, s’est lancé dans le bâtiment et les travaux publics ainsi que dans l’importation de produits nécessaires à la construction tel le ciment. Ce touche à tout fut également directeur général du port fluvial de Tamatave. Ses déplacements le long du canal des Pangalanes ne l’ont pas fait dévier d’une idée qui lui tenait à cœur depuis très longtemps : devenir un bâtisseur et prouver qu’un Malgache pourrait réussir aussi bien qu’un investisseur venant de l’étranger. Ayant beaucoup voyagé dans sa jeunesse en Asie, en Afrique et en Europe, Andry s’est intéressé à tout sans pour cela faire du plagiat. C’est ainsi que notre homme est devenu architecte, décorateur, jardinier, ou cuisinier sans en avoir fait les études. Maintenant le gazon de Tanà pousse à Ampefy, les vieilles pierres d’Antsirabe retrouvent une nouvelle jeunesse, les murs de ses bâtisses sont droits, la tuyauterie bien encastrée, les larges escaliers font 15 cm de haut afin de ne pas fatiguer le touriste. Bien sûr, il faudra encore du temps pour que le dernier coup de pinceau soit donné, mais cela n’a pas d’importance pour cet homme de 58 ans qui veut rester en activité le plus longtemps possible. En attendant que le site touristique soit rentable, Andry construit des maisons à prix accessibles, dirige, toujours son exploitation à Tanà et reste président des transporteurs routiers de Madagascar. Cet homme prévoyant a demandé à son épouse Vololona de reprendre ses études à l’Institut National du Tourisme et de l’Hôtellerie afin d’obtenir le diplôme nécessaire pour être en légalité avec la législation.
La prochaine idée d’Andry est l’installation d’un téléphérique entre la montagne et son parc touristique. Ce téléphérique serait long de 600m et permettrait au visiteur de découvrir un point de vue exceptionnel sur l’une des plus belles régions de Madagascar.
La journée d’interview tirait à sa fin. Il nous fallait repartir vers Tanà avant la nuit. Cela faisait une douzaine d’heures depuis notre arrivée que nous écoutions, observions, et découvrions sans jamais connaître une seconde de lassitude. En 124 voyages à Madagascar depuis 1964, nous n’avions jamais connu une telle débauche d’énergie, et une volonté aussi farouche mise au service d’un projet mettant en valeur l’excellence malgache.
Une telle visite nous a fait du bien avec des hommes comme Andry, Madagascar peut voir l’avenir sous les meilleurs auspices.
Francis HERBET