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dimanche, décembre 22, 2024
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Pour une réévaluation de 100 % de l’ariary

Dans sa lettre ouverte au Président de la République, l’économiste anti-FMI, Jean Jacques Ratsietison propose une réévaluation de 100 % de la monnaie nationale

Les économistes sont unanimes pour dire que le 1er moteur de la croissance d’un pays est la consommation interne c’est-à-dire celle des ménages. Mais avez-vous déjà entendu un expert du FMI évoquer le problème du pouvoir d’achat dans un pays du 1/3 monde comme principal frein au développement alors que les populations de ces pays crèvent de faim ?

L’équation de la généralisation de l’extrême pauvreté à Madagascar est très simple :

Quand on dévalue la monnaie de 100 %, le pouvoir d’achat des 22 millions de Malgaches, est immédiatement amputé d’au moins 50 %. Si on procède à une autre dévaluation de 100 %, le pouvoir d’achat résiduel de 50 % se réduira à nouveau de moitié, et il en restera donc 25 % :

– quel ménage dont on a divisé le pouvoir d’achat par 4 pourrait encore faire face à ses dettes et à ses obligations financières et continuer à payer son logement ?

– Qui dans ces conditions serait toujours en mesure d’assumer normalement les besoins alimentaires de sa famille ou la scolarisation de ses enfants, et leur assurer les soins médicaux adéquats, ne serait-ce que ceux dits de base, en cas de maladie ?

Mais comme on n’en est pas resté à ces misérables 100 % suivi de 100 % que reste-t-il aux ménages et à tous les Malgaches après plus de 4 000  % de dévaluation cumulée sinon l’extrême pauvreté, la misère généralisée et la mort au quotidien.

Ce qu’il faut retenir  de cet exemple c’est que cette paupérisation est purement mécanique.

La corruption, l’insécurité, le fait que l’Etat n’ait pas les moyens d’investir dans les infrastructures etc. ne sont que les conséquences de la pauvreté :

– c’est purement mécanique et le résultat serait identique même si on avait tous les investisseurs et tous les financements qu’on voulait, parce que chaque ménage Malgache vit exclusivement avec l’argent et le pouvoir d’achat dont il dispose soit quasiment rien,

– c’est purement mécanique et après 4 000 % de dévaluation le résultat serait identique même pour un pays riche et industrialisé.

Les Etats-Unis et l’Europe ne sont pas compétitifs et de très loin vis-à-vis de l’Inde ou de la Chine, ils n’ont pas pour autant dévalué leurs monnaies par rapport à celles de ces deux pays.

Et tout au contraire, au lieu de dévaluer le dollar, les Etats-Unis demandent plutôt à la Chine de réévaluer le yuan.

Il est désormais temps de clamer haut et fort que la dévaluation directe ou sous ses autres formes, flottement ou MID (Marché Interbancaire des Devises), dans les proportions atteintes à Madagascar est un véritable instrument de mort.

Il est grand temps qu’on dise aux bailleurs de fonds qu’il faudrait être aveugle, idiot, ou criminel pour ne pas se rendre compte que cette dévaluation de plus de 4 000 % de l’ARIARY a déjà tué physiquement et directement des dizaines de milliers de Malgaches, exactement comme une arme de destruction massive sauf qu’elle n’agit pas de façon spectaculaire et instantanée.

Il est plus que temps qu’on leur dise que leur politique absurde planifie encore aujourd’hui la mort certaine tous les ans, de dizaines de milliers de Malgaches rendus mécaniquement incapables de se nourrir et de se soigner du jour au lendemain : des milliers de femmes, d’hommes et d’enfants destinés à alimenter les futures statistiques de mortalité du FMI.

Le FMI devrait  demander la suppression du MID car ce système oblige l’Etat Malgache à financer perpétuellement le déficit structurel de sa balance des paiements par de l’endettement stérile.

Car, dans ces conditions, ses statuts lui interdisent d’octroyer une quelconque aide financière à Madagascar sauf à la déguiser en aide budgétaire. S’ils persistent à dire que ce n’est pas le cas, je mets alors le FMI au défi de payer les fonctionnaires Malgaches ainsi que les fournisseurs locaux de l’Etat directement en dollars.

Soumettre la monnaie, non convertible par ailleurs, d’un pays ayant une balance des paiements structurellement déficitaire, à la loi de l’offre et de la demande, est une hérésie et équivaut à le pousser au suicide économique : le résultat pour Madagascar est éloquent.

Au nom du Peuple Malgache, je demande donc instamment au FMI :

–          d’exiger de l’Etat Malgache le respect de l’orthodoxie financière dans la gestion de ses Devises comme il le fait si bien pour le Budget de fonctionnement de l’Etat : dans les 2 cas, les dépenses doivent être à la mesure des recettes,

–          et d’en faire sa 1ère conditionnalité

Enfin, je voudrais partager avec vous cette définition du génocide qui m’a interpellé :

Le génocide est considéré par le droit international comme un crime, défini et condamné par la convention pour la prévention et la répression du crime de génocide, adoptée à l’unanimité par l’assemblée générale de l’O.N.U. le 9 décembre 1948.

Le génocide s’entend de l’un quelconque des actes cités par ladite Convention commis dans l’intention de détruire, en tout ou partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux comme tel, dont notamment l’acte de « soumission intentionnelle du groupe à des conditions d’existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle »

Et la Convention de préciser «  peut être coupable de génocide aussi bien un particulier qu’un Etat (…) ».

Le MID soumet l’écrasante majorité de la population à des conditions d’existence la mettant directement sous la menace de la mort : les familles Malgaches ne mangent plus à leur faim, la malnutrition est généralisée et il est aujourd’hui strictement interdit à quiconque de tomber malade.

Alors Monsieur le Président de la République,

–          à la vérité des prix, j’oppose le droit à la vie de tous les Malgaches.

–          Au système suicidaire actuel, j’oppose la suppression du MID, l’application d’un taux de change fixe et une réévaluation de 100 % de l’ARIARY.

Avec un tel réajustement monétaire, on aura fait l’essentiel en supprimant l’origine mécanique de la paupérisation générale du pays tout en redonnant du pouvoir d’achat conséquent et quasi immédiat aux ménages, ce qui permettra la relance de l’économie, et en supprimant le MID, on élimine la principale source d’endettement stérile et sans fin du pays. Ce sont deux préalables incontournables pour sortir très rapidement le pays du désastre social et économique.

Les Malgaches vous appellent à l’aide Monsieur le Président de la République, vous aviez promis le renouveau alors écoutez votre Peuple.

Ratsietison Jean-Jacques

Economiste

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