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mercredi, juillet 16, 2025
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La miniaturophilie : Un hobby qui passionne petits et grands

Des voitures anciennes en miniature.
Des voitures anciennes en miniature.

La collection de modèles réduits commence à se faire une place à Madagascar. Le phénomène n’est pas nouveau, mais semble avoir pris de l’ampleur ces dernières années. Coup de projecteur sur cette passion qui peut être dévorante.
Quel petit garçon n’a pas, étant petit, voulu avoir une petite voiture en miniature. C’est le « best-seller » des jouets pour les jeunes garçons de tous les pays. En grandissant, certains de ces petits garçons ont fait de cette envie une passion en devenant miniaturophile, collectionneur de modèle réduit de voiture, de moto, de train ou encore d’avion. Pour la plupart, ces collectionneurs ont envie de retrouver les jouets de leur jeunesse, ceux qui les ont rendus heureux, ceux qu’ils ont parfois possédés mais qu’ils ont perdus ou cassés. En grandissant, ils se sont aussi dotés de davantage de moyens financiers qui leur permettent de vivre pleinement cette passion. « Etant petit garçon, j’étais attiré par les petites voitures et les motos. J’en possédais plusieurs dizaines, surtout des Majorettes et des Bburago, les marques les plus en vogue à l’époque » raconte Andry, miniaturophile et passionné de deux-roues. « Dernièrement, je me suis lié d’amitié avec un collectionneur, ce qui a ravivé la flamme en moi. Depuis, je me suis également lancé dans la collection, surtout de motos miniatures » poursuit-il.

Communauté. Afin de compléter leurs collections, les miniaturophiles malgaches s’appuient essentiellement sur un réseau de communauté, où se déroulent des échanges de miniatures entre collectionneurs, comme n’importe quelle bourse d’échanges. Un collectionneur à la recherche d’une miniature précise a l’opportunité de l’acquérir auprès d’un autre collectionneur, en échange d’une autre miniature. Toutefois, l’achat de miniature est parfois indispensable. Les pièces rares n’étant pas en circulation. « Pendant une certaine longue période les acquisitions relevaient  plutôt d’exercices assez difficiles et de nos jours, même les arrivages dans le commerce local ne se font que de manière disons assez sporadique, heureusement il y a les sites de ventes en ligne qui offrent un large choix de nos chers modèles réduits, pour tous les goûts » explique Ralay, lui aussi collectionneur. La communauté des miniaturophiles malgaches tend à s’agrandir, notamment avec les naissances des groupes sur Facebook. « A chacun ses façons et méthodes pour collectionner, mais le Partage entre amateurs reste une partie importante voire incontournable (techniques et astuces, infos, vente, échange). Et il faut reconnaître que la rencontre avec de vrais passionnés (dans le sens strict du terme) via les réseaux sociaux a donné un sérieux coup de pouce à ce loisir« confie Ralay. Ces rencontres ont abouti à la structuration des communautés de collectionneurs. Des structures au sein desquelles les miniaturophiles aguerris peuvent s’épanouir, et les apprentis collectionneurs peuvent assouvir leur soif de savoir. Parmi ces structures, se trouvent des associations, telles que l’Association des passionnés de miniatures (ASPAM Madagascar). Comptant une trentaine de membres, il s’agit de la plus jeune association en matière de miniature à Madagascar.
Mahetsaka 

Interwiew :

Renaud Raharijaona : “La miniaturophilie n’est pas la propriété d’une seule personne ou d’un groupe d’individus”
Travaillant dans le domaine de la communication et du journalisme, Renaud Raharijaona est l’un des nombreux miniaturophiles que compte Madagascar. Co-fondateur de l’Association des passionnés de miniatures (ASPAM Madagascar), dont il est aujourd’hui le président, il nous livre sa vision du monde miniature à Madagascar.

La miniaturophilie prend aujourd’hui de l’ampleur à Madagascar. A quoi attribuez-vous ce phénomène?

La miniaturophilie existe à Madagascar depuis des dizaines d’années déjà. Au-delà du phénomène, c’est d’abord une passion universelle qui retrouve un second souffle. A une autre époque, les collectionneurs se retrouvaient quelque peu isolés dans leur coin. Avec l’arrivée des nouvelles technologies les collectionneurs sont peu à peu sortis de leur sommeil en retrouvant d’autres personnes qui partagent leur passion grâce aux réseaux sociaux.

 Aujourd’hui, les passionnés se retrouvent sur Facebook, ou se regroupent au sein des associations pour partager et faire vivre la passion. Cette dynamique a permis à la nouvelle jeunesse de s’intéresser à la miniaturophilie.  Les commerçants ont eux aussi compris que la collection de miniatures a repris un nouvel envol. Aujourd’hui, ils essaient de mettre davantage des variétés de miniatures dans le commerce, et adaptées à toutes les bourses.

La collection de miniatures est-elle uniquement réservée à une catégorie précise de personnes?

Je le disais, c’est une passion universelle. La miniaturophilie n’est pas la propriété d’une seule personne ou d’un groupe d’individus. Ça vaut aussi bien à Madagascar, qu’ailleurs. Tout le monde, quel que soit son âge ou sa catégorie socio-professionnelle, a la possibilité de baigner dans l’univers de la miniature s’il le souhaite.

 Les gens estiment qu’il faut nécessairement être autophile pour collectionner des voitures miniatures. C’est un préjugé. Etre incollable sur les voitures est un plus, un complément à la passion miniature. Pas une nécessité. L’important pour le collectionneur est de vivre pleinement sa passion. L’idée est d’abord de se faire plaisir soi-même. A partir du moment où l’on acquiert une miniature seulement pour épater son voisin, ce n’est plus une passion.

Aujourd’hui, comment est animée la communauté des miniaturophiles?

Deux associations co existent sainement actuellement, et essentiellement à Antananarivo. Deux associations, cela peut paraître trop, mais l’ampleur de la communauté est telle qu’une seule association ne suffit pas. Personnellement, j’estime que l’arrivée d’autres associations, notamment en régions, ne peut être que bénéfique pour l’ensemble de la passion miniature à Madagascar.

 Le vrai danger qui peut freiner l’épanouissement de la miniaturophilie est qu’un club s’arroge seul le droit de propriété de la passion miniature. C’est une passion universelle, elle appartient à tout le monde. Les associations actuelles partagent une même passion, mais possèdent chacune leur propre philosophie. C’est une réalité propre à toutes les passions, quelles qu’elles soient. Pour animer leur communauté, chaque association organise périodiquement des rencontres, des séances de partage, et parfois des expositions.

Vous parliez de philosophie. Quelle est celle de votre association, celle de l’Association des Passionnés de miniatures de Madagascar?

Elle est très simple, et se résume en quatre mots essentiels : respect, passion, partage et fraternité. C’est l’ADN de l’Association des passionnés de miniatures de Madagascar (ASPAM). L’association est encore très jeune, elle n’existe que depuis cinq mois. Ses membres sont pour la plupart très jeunes. Même les membres qui sont moins jeunes, sont jeunes d’esprit (rires). Pour autant, on éprouve du respect pour les anciens qui, bien avant nous, ont vécu la miniaturophilie à leurs manières. 

 L’association regroupe en son sein une trentaine de membres qui s’épanouissent pleinement dans un cadre associatif structuré et ordonné. Au-delà de la collection de miniatures, nous cultivons la culture de la qualité. Il ne s’agit pas de la qualité de la fabrication des miniatures qui, soit dit en passant sont presque tous fabriquées en Chine, mais de la qualité de l’organisation de la vie associative. Les membres apprennent à vivre en société, à s’organiser, à gérer des projets. Croyez-moi, organiser une exposition nécessite de l’énergie, du savoir-faire, un sens organisationnel aigué. Au sein de l’association, les membres ont l’opportunité d’apprendre tout cela. C’est une autre école de la vie.

 L’Association des passionnés de miniatures de Madagascar est ouverte à tous, vraiment à tous. On peut nous retrouver facilement sur Facebook en tapant “ASPAM Madagascar”. Un site internet est également en préparation.

Vous organisez donc des expositions ouvertes au public?

Oui. C’est un passage obligé pour toute association qui se respecte. L’idée n’est pas de se montrer présomptueux en se targuant de posséder 500 pièces ou 700 pièces. Cela est à l’opposé de l’idée, que l’on se fait de la miniaturophilie. A partir du moment où chercher à avoir le plus grand nombre de voitures miniatures est la principale motivation, la passion se meurt à petit feu.

 L’idée est de partager notre passion simplement, avec humilité. Nous n’avons peut-être pas les meilleures voitures miniatures à exposer, mais nous avons au moins cette volonté farouche de partager notre passion. Cela fait partie de notre plaisir. En 2015, nous avons eu l’opportunité de le faire pendant le salon de l’automobile en octobre, et pendant le Rallye international de Madagascar en novembre. Des expériences fructueuses que nous renouvellerons en 2016.

 Au-delà des expositions, nous organisons également des rencontres éducatives et des workshops. Il faut savoir que pour la plupart, les miniaturophiles ne se contentent pas de collectionner. Ils restaurent, ou modifient également les voitures miniatures. Certains sont tellement doués qu’ils réussisent à redonner la vie à des épaves, ou à transformer une petite berline en une sportive racée. L’intérêt des workshops est de partager ce savoir-faire là, de permettre aux néophytes d’apprendre à prendre soin et à réparer leurs miniatures.

A chaque collectionneur son thème de prédilection :

La question qui se pose à tous ceux qui souhaitent commencer une collection de voitures ou de motos miniatures : par où commencer, et comment. En règle générale, l’apprenti collectionneur se concentre sur une thématique qui lui parle d’une manière ou d’une autre.  Ce choix de la thématique peut se porter sur une époque, un type particulier de voiture, un pays, une même marque, ou tout simplement une échelle. Choisir une thématique est important lorsqu’on veut aller loin dans la miniaturophilie. « Pour moi, personnellement, au fur et à mesure que la collection prend un certain volume, l’on devient de plus en plus exigeant par rapport à ses choix et à la qualité de ses acquisitions. Et finalement on finit par adopter des thèmes  précis  afin de ne pas tomber dans le piège du nombre record ou de la prétendue collection complète d’une telle ou telle marque » explique Ralay, un collectionneur « tombé dedans étant petit ».

Choix historique. La majeure partie des collectionneurs choisissent leur thème en fonction d’une époque qui a marqué leur vie, ou l’histoire de l’automobile. Pour cette catégorie de collectionneurs, bon nombre d’entre eux collectionnent les miniatures des voitures dans lesquelles ils ont roulé avec leurs parents. Les voitures françaises qui étaient célèbres à Madagascar à une certaine époque sont ainsi très recherchées par les collectionneurs. C’est le cas, par exemple, pour les Peugeot 504, les Renault 4L, les Renault 5, les DS19 ou encore les Peugeot 203. D’autres collectionneurs préfèrent le choix des voitures qui ont marqué des œuvres filmographiques. Certains prennent ainsi du plaisir à sélectionner les voitures des différents épisodes de James Bond par exemple. Laza, lui, a entamé une collection en miniature des plus belles voitures du film « Fast and Furious ». Pour d’autres, comme Tianasoa, ce sont les voitures de rallye et de WRC qu’il a choisies de collectionner. Une collection de miniatures n’est pas restrictive. Un large choix de thématique s’offre aux apprentis collectionneurs qui souhaitent s’initier à la miniaturophilie.

De la restauration à la personnalisation :
Les miniaturophiles ne se contentent pas d’acheter des voitures miniatures neuves pour leur collection. Pour certains, le plaisir réside aussi dans la restauration de véhicules à l’état d’épaves. Pour d’autres, le plaisir réside dans la personnalisation des miniatures. « Redonner naissance à une épave de miniature est un plaisir particulier » raconte Ando. « La restauration nécessite du temps et de l’énergie, mais c’est aussi apaisant. Je suis dans mon élément » poursuit-il. Laza, lui, s’est lancé dans la restauration d’une vieille Peugeot 205 T16. La réplique de celle d’Ari Vatanen au Paris-Dakar 1984. « Il m’a fallu plusieurs heures de décapage, de ponçage, de confection des éléments aérodynamiques pour une conversion en Evo 2. Il a donc fallu rajouter des bavettes et un aileron. J’ai ensuite mis peinture blanche et fait moi-même un skin Peugeot Sport. Enfin, j’ai rajouté de nouvelles jantes » explique Laza, avec le sourire.

Pour d’autres collectionneurs, la passion c’est aussi de modifier et de personnaliser des modèles standards. De simples berlines deviennent ainsi des sportives racées sous les manipulations de certains miniaturophiles aux doigts de fée. Pour cela, les collectionneurs usent de plusieurs techniques telles que le rabaissement ou le rajout d’éléments tels que l’aileron. Certains parviennent même à personnaliser les jantes. Rianasoa, plutôt novice dans la transformation de miniatures, a réalisé deux projets sur le thème des WRC, sur la base de deux petites Citroën à l’échelle 1/18 et 1/32. « Le projet est plutôt fantaisiste car ces véhicules n’existent pas dans la réalité. Le résultat n’est pas parfait, mais je suis satisfait pour un début » confie-t-il.
Que ce soit pour la restauration ou la personnalisation, des outils sont nécessaires. Cela va du simple tournevis à la perceuse électrique, en passant par les papiers abrasifs et les bombes de peinture. Et cela, bien évidemment, a également un coût. Mais Tiana rassure « les grandes réalisations n’ont pas toujours besoin de grands budgets. Parfois, tout est question d’imagination et de volonté ».

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