Les écoles de football sont présentes un peu partout dans les quatre coins de Madagascar. Si d’autres en font leur gagne-pain, St-Michel a réussi à en faire un modèle du genre par le biais de son Foot Pro dont le sérieux et les objectifs tout comme la manière de le gérer font aujourd’hui l’unanimité dans le petit monde du football malgache.
Une petite incursion dans ce centre d’Amparibe renforce davantage l’idée qu’il s’agit d’un des meilleurs centres de formation sur le territoire sinon le meilleur.
Exemple à suivre. Cela ne pouvait d’ailleurs pas être autrement quand sa mise sur orbite faisait l’unanimité avec en tête le directeur des sports de St-Michel, le Père Célestin Razafindramavo, en passant par la présidente du club, Emma Andrianaivosoa, et Augustin « Baovola » Andriamiharinosy qui a mis un terme à son poste de responsable technique du centre de formation d’un club français à Tours, pour venir s’installer à Tana.
Un beau geste unique en son genre, puisqu’il est ainsi le premier joueur malgache ayant évolué dans un club professionnel français notamment Angoulême qui évoluait à l’époque en première division, à rentrer au pays après plusieurs années en France. Cela traduit du reste la volonté de Baovola de vouloir le servir le football malgache en général et celui du St-Michel en particulier. Un exemple à suivre en quelque sorte.
Du coup, St-Michel s’est organisé en conséquence pour arriver aujourd’hui à un centre fort de près de 200 jeunes répartis dans plusieurs tranches d’âge dont les moins de 9 ans, les moins de 11 ans, U13, U15, U17, les seniors et depuis cette saison une section pour les filles de moins de 13 ans.
Les études d’abord. Mais qu’on se le dise, on n’entre pas comme on veut dans ce Foot Pro car il y a des sélections. Pour l’instant 95% sont issus de St-Michel après un test de niveau effectué par le staff de Foot Pro et de Baovola qui assure la fonction de « head coach ».
La particularité de Foot Pro par rapport aux autres centres malgaches, c’est la part prépondérante réservée aux études. « Pour nous, les études passent avant le football et c’est important que nos jeunes réussissent dans ce domaine », précise un membre de l’encadrement avant de préciser que les jeunes de U9 et de U11 s’entraînent à raison de 2 fois par semaine tandis que les autres suivent un entraînement de 3 fois par semaine en dehors des matches du week-end.
A noter que ce centre de St-Michel fonctionne avec l’aide des parents qui se trouvent être les principaux partenaires de Foot Pro.
Clément RABARY
Tour d’horizon avec Baovola : « Il n’y a pas de miracle en football ! ». Le head coach de Foot Pro, Baovola Augustin Andriamiharinosy décide de rentrer définitivement au pays après des années de bonheur passées à Angoulême puis à Tours mais aussi un petit crochet à La Réunion avant de revenir à Madagascar. Un retour aux sources où il va s’offrir un challenge notamment celui de redorer le blason de St-Michel, le club de ses débuts, et par ricochet de relever le niveau du football malgache. Récit…
Midi Madagasikara : En mettant sur pied voilà bientôt deux ans et demi le Foot Pro, on peut penser que votre retour à Tana est définitif ?
Baovola : « C’est décidé, je vais maintenant me donner à fond pour préparer les gosses de Foot Pro dans le dessein de redorer le blason de St-Michel et celui du football malgache dans son ensemble. Autant le dire tout de suite qu’il n’y a pas de miracle en football et cela signifie qu’il faut travailler dès le jeune âge pour espérer réussir.
Ce n’est pas un secret que les grands centres de formation fournissent les meilleurs joueurs pour les clubs de l’élite alors il faudra faire avec. »
Midi : Et vous pensez que le Foot Pro est en mesure d’accoucher de grands joueurs qui vont évoluer en Europe ?
Baovola : « C’est un de nos objectifs, mais pour l’instant nous n’en sommes pas encore là, cependant nous avons de très bons éléments comme trois des membres de l’équipe de moins de 17 ans qui sont déjà avec les seniors. Sur le long terme et sans brûler les étapes, je pense que les résultats de l’équipe nationale dépendront surtout de notre capacité à utiliser tout le potentiel de nos joueurs qui sont dans les grands centres français au Havre, à Marseille, Nice ou Lille. D’ailleurs toutes les grandes nations du football africain font comme ça. Je citerais volontiers le Sénégal, le Nigéria ou encore le Ghana qui se servent des joueurs évoluant dans l’élite européenne et en première division SVP.
Certes et pour revenir à Madagascar, on ne peut pas se passer, du moins pas encore des services de nos meilleurs locaux pour former une bonne équipe nationale mais encore une fois, les expatriés serviront de moteur comme le fait actuellement Faneva Ima même si à mon humble avis, il faudrait encore piocher plus loin car aussi douée soit-elle, notre légion étrangère commence à vieillir. »
Midi : Et les études chères au Foot Pro dans tout cela ?
Baovola : « C’est indispensable. Car il faut un minimum d’instruction pour faire partie du haut niveau. Je me souviens qu’au temps des Scorpions, de tout le groupe seul Rado Rasoanaivo avait son bac. C’est malheureux mais cela explique en partie nos échecs. »
Propos recueillis par Clément RABARY
Louan Andriamitantsoa : Un grand passionné fan du Real Madrid !. A 6 ans, Louan Andriamitantsoa fréquente avec bonheur la section U9 de Foot Pro. Ce petit bout de chou grand admirateur de Cristiano Ronaldo et du Real de Madrid, affirme haut et fort qu’il fera partie du club madrilène. Un rêve de gosse mais qui, à force de courage et de volonté, finirait pas se réaliser.
Pour l’instant, il commence l’apprentissage du foot avec Foot Pro. Un choix qui porte ses fruits, car après quelques semaines de pratique, Louan sait jongler de deux pieds indifféremment, puisqu’il parvient à le faire par l’un ou l’autre pied sans la moindre gêne.
« Il est très appliqué », disait de lui Tillot Andriamiharinosy qui faisait partie de l’encadrement du centre. C’est que ce dernier ignore, c’est que Louan voulait absolument réussir et montrer à son père qui l’accompagne toujours à l’entraînement qu’il adore le football. Et quand ce père, Mamih de son prénom, possède une licence B d’entraîneur, on comprend pourquoi le football est si important dans cette famille.
Ses études ne sont pas pour autant négligées car Louan fait partie des meilleurs de sa classe de CP2 à « Les Poupins ». Comme il parle couramment le français et qu’il s’initie depuis un bon bout de temps à l’anglais, on devine aisément où il veut en venir. Sacré Louan !
C.R.