Des raz-de marée de réfugiés, dont le gros du lot sont des Syriens, déferlent sur l’Europe et provoquent des séismes en son sein, au point d’ébranler les équilibres tant à l’intérieur qu’entre les Etats qui la forment. Le nœud du problème semble être le devenir du régime d’Asad.
Que peut faire l’Europe ? Pour elle, d’un côté, voir le califat (territoire théocratique sans confins) phagocyter la Syrie revient à renforcer un ennemi déclaré. Mais les ennemis des ennemis ne sont pas forcément des amis. De l’autre côté, aider Asad, c’est-à-dire le laisser au pouvoir, veut dire d’une part, renier à ses déclarations de principe de s’attaquer aux auteurs de crime contre l’humanité et d’autre part, que l’Occident risque de voir renaître l’URSS non socialiste mais avec des visées géopolitiques inchangées et les conséquences récurrentes. Le choix stratégique est difficile et pas de reflux de refugiés en vue.
En réalité, les pourparlers de Genève ne sont qu’un leurre lancé à l’opinion. Car comment peut-on arriver à une réelle solution au problème quand on a seulement face à face une opposition au régime d’Asad en perte de vitesse, surtout après la chute probable d’Alep et un pouvoir encore en place, mais sous perfusion russe ? L’on semble occulter l’Etat Islamique qui occupe non seulement une partie de l’Irak mais aussi une majeure partie de la Syrie. Sans l’EI il semble qu’il n’y ait point de salut.
A moins qu’il ne s’agisse d’abord, que d’une première phase d’une stratégie globale qui vise à éradiquer les djihads. La seconde, on l’espère, verra une vraie coalition les combattre et en même temps la pacification d’une partie de la Syrie qui saura contenir les candidats à l’exil. Mais cette voie ne verra son issue de sitôt. En attendant, la zone tampon qu’on veut imposer à la Turquie va sauter.
L’observateur africain, cynique, ne peut manquer de leur suggérer les recettes maintes fois appliquées sur son continent et de dire : Pourquoi ne pas les forcer à négocier, à signer une feuille de route aboutissant à des élections libres, démocratiques et inclusives avec des consignes de « ni…ni… » ? C’est le rôle de la communauté internationale ne dit-on pas toujours ?
Malheureusement, nous n’avons pas ici des belligérants assistés financièrement, qui, à la moindre injonction des grands se voient couper les subsides.
Toujours est-il que des populations entières, comme à l’accoutumée, se trouvent décimées, déplacées contre leur gré au nom d’intérêts qui leurs sont étrangers car qui tirent profit de la primauté d’une branche de l’Islam sur une autre ? Qui tirent profit de la position stratégique de la région ? Qui tirent profit des richesses de son sous-sol ? Qui tirent profit de l’asservissement des minorités kurdes ou autres ? Il est difficile de s’ôter de la tête que paix et altruisme ne sont pas de ce bas monde. Et l’Europe, les Etats-Unis, la Russie et la Chine se comporteront toujours comme des larrons en foire au détriment des autres.
M.Ranarivao