Le problème des marchands ambulants de la ville d’Antanananarivo ne se résoudra pas du jour au lendemain. Les habitudes prises durant des dizaines d’années ne disparaîtront pas d’un coup de baguette magique et la volonté affichée par les responsables de la CUA ne viendra pas à bout des réticences, pour ne pas dire de la force d’inertie de ces hommes et ces femmes solidement installés sur les trottoirs des rues de la ville. Les pourparlers engagés au début entre les deux camps se sont très vite mués en dialogue de sourds, chacun étant installé dans son bon droit. La décision de rendre les trottoirs aux pétons et les rues à la circulation est tout à fait normale et l’aspect avenant d’un centre-ville désencombré a réjoui les citoyens de la Ville des mille. Mais l’opération s’est parfois faite de manière violente et les agents municipaux qui s’en sont chargés n’y sont pas allés de main morte pour accomplir leur tâche. Aujourd’hui, cependant, le calme semble être revenu. Les ponts ne sont pas rompus, et la rancœur de ceux qui ont dû quitter des emplacements occupés depuis des lustres a laissé la place à une certaine résignation.
Marchands-CUA : Retour à la raison
L’agitation du début de semaine n’a été qu’un feu de paille. Les contestataires les plus virulents ont dû baisser pavillon. Ceux qui voulaient forcer les portes de l’Hôtel de ville pour faire plier les responsables se sont heurtés à un refus poli, mais ferme. Les réponses de ces derniers sont restées invariables : les marchands doivent se plier aux règles et s’installer sur des emplacements déjà aménagés. Privé de meneurs, le mouvement semble marquer le pas. Les attroupements qui ont eu lieu hier n’ont pas été suivis de violence. La police municipale s’est faite discrète. Nul ne sait si cette accalmie va durer, mais pour l’instant, la sagesse semble l’avoir emporté sur l’entêtement. Le côté humain du problème subsiste car ce sont des centaines de personnes qui manifestent leur désarroi et qui estiment avoir perdu leur gagne-pain. Si elles n’arrivent pas à trouver d’autres moyens de subsistance, elles vont grossir le rang des laissés-pour- compte de cette longue crise économique. L’anarchie qui régnait depuis des décennies n’est plus de mise aujourd’hui et la nécessaire réorganisation du marché informel s’impose.
Patrice RABE