Comment comprendre l’attitude de ces partis qui tirent à boulets rouges en permanence sur le pouvoir sans pour autant s’attribuer officiellement le statut d’opposant ? Partis ou coalition de partis sont partagés entre être pour ou contre Hery Rajaonarimampianina, car cette position de funambule ne peut être durable puisqu’au moindre bourrasque imprévisible, une chute fatale est à craindre.
Deux hypothèses peuvent être soulevées dont le choix d’un terme de l’alternative peut justifier leur valse hésitation car les avantages comme les inconvénients doivent être bien soupesés.
D’abord, être avec le « régime ». Cette option leur permet de bénéficier des commodités de l’appareil d’Etat, comme les moyens matériels, les moyens financiers et une visibilité toujours utiles dans les perspectives des élections présidentielles de 2018. Mais, s’afficher avec le pouvoir, c’est aussi s’associer avec lui sur les conséquences d’un éventuel échec, d’autant plus que les marges de manœuvre sont réduites dans les débats d’idées et les actions politiques, parce que l’ogre HVM ne va pas manquer d’étouffer toutes velléités de faire de l’ombre à son leadership sur le groupe. L’inconvénient majeur sera celui de la perte de la liberté d’action et de parole et en cas de crise, celui de ne pas être un recours dans la course à l’alternance.
Puis, être contre le pouvoir n’est pas non plus une démarche aisée. L’avantage est d’abord cette liberté de parole qui ouvre facilement à toutes les voies de reconquête ou de conquête sans être taxé de versatile. L’on peut se targuer d’être authentique et pourquoi pas d’être à la tête de toutes les contestations. Mais être opposant n’est pas payant, on le sait, et un défaut de trésor de guerre est un lourd handicap pour d’éventuelles consultations électorales. Persister dans l’opposition peut aussi mener à la dissolution de la Chambre Basse et s’exposer ainsi à de nouvelles élections législatives. Si tel était le cas, les résultats seraient probablement semblables à ceux des sénatoriales avec un nouveau rapport de force encore préjudiciable aux opposants. Enfin, les choses étant ce qu’elles sont en politique dans le pays et ne peuvent être autrement, des éléments des groupes de l’opposition ne manqueront pas de faire défection et rejoindre le camp du pouvoir, alléchés par les chants de sirènes. Des divisions nouvelles qui rendront encore plus complexes la situation politique.
Une opposition, le pouvoir en veut pour pouvoir revendiquer d’être un régime démocratique. Et cette situation de « ni guerre, ni paix » n’est pas saine non plus. En fait, il revient à ces groupes d’une nouveau « ni… ni… » d’assurer leur responsabilité.