
L’île Maurice dispose-t-elle vraiment d’une expérience en matière de Zone Economique Spéciale (ZES). Holijaona Raboanarijaona Président d’Emergence Madagascar et connu pour avoir lancé ce concept économique depuis des années à Madagascar en doute.
Un accord pour l’établissement d’une Zone Economique Spéciale de 450 m² à Taolagnaro vient d’être signé. En mettant en exergue les capacités techniques et financières de son gouvernement, l’Ile Maurice se vante même d’apporter son expertise technique.
Publicité mensongère. Pour Holijaona Raboana, cette « expertise réussie des ZES à Maurice n’est qu’une publicité mensongère. « Le gouvernement malgache devrait avoir une attitude méfiante » selon le Président d’Emergence Madagascar qui n’hésite pas à affirmer que Maurice n’a jamais réalisé une ZES. « Il y a eu peut-être un grand projet en 2007 sur cinq ans mais à l’heure de faire le bilan en 2012, le site de Riche-Terre était devenu un éléphant blanc, une ville fantôme … à l’abandon et presqu’en ruines ». Le tristement célèbre scandale de la Spécial Economic Zone (SEZ) Jin Fei en est l’illustration. « Il y a une confusion entre la réussite des zones franches mauriciennes et l’échec de leur Zone Economique Spéciale. Il est faux de dire que la réussite économique de Maurice tient aux SEZ. Leur success story dans les années 90 repose sur le tourisme et les Zones Franches Industrielles textiles, concept actuellement dépassé. Et qui n’a rien à voir avec le concept de SEZ ».
Compétence chinoise. Holijaona Raboana de préciser, d’ailleurs que le projet de la SEZ de Jin Fei a englouti 26 millions USD et devait se réaliser avec les Chinois. « Ceci démontre que les Mauriciens n’ont aucune expertise sur les SEZ et font appel à la compétence des Chinois, plus expérimentés et ayant réussi avec succès ce type de projet d’envergure. Le gouvernement de Maurice, dans un contrat qu’ils ont mal négocié, devait apporter un fond initial de 19 millions USD et le reste devait revenir aux Chinois. Et c’est cet apport chinois qui n’a jamais vu le jour. Laissant au stade de fondation la viabilisation de cette SEZ de Jin Fei, actuellement en ruines. Démontrant du même coup l’incapacité du gouvernement mauricien à apporter les garanties solides que requiert un tel projet et à le coordonner correctement pour mobiliser les ressources financières ».
Attrape-nigaud. Le Président d’Emergence Madagascar constate également que l’échec du Projet Neotown aux Salines (Maurice) avec le gouvernement indien renforce ce constat de non expertise mauricienne en ZES. « La soit disante compétence et expertise financière et technique des Mauriciens en terme de ZES est un attrape-nigaud », souligne-t-il en faisant remarquer qu’en déroulant le tapis rouge, le gouvernement malgache s’est fait duper par le gouvernement mauricien. « Maurice est très intéressé par Madagascar et lorgne sur des potentialités naturelles qu’ils n’ont pas. A l’heure où Maurice vient juste de relancer la ZES de Jin Fei, Madagascar sera avant tout pour les Mauriciens une zone d’expérimentation et la ZES de Taolagnaro, un projet destiné avant tout à redorer leur blason ». En tout cas, Holijaona Raboana estime que si le gouvernement malgache ne prend pas les précautions nécessaires, le pays risque de connaître le même scandale qu’à Maurice. C’était un scandale ayant déstabilisé l’ancien gouvernement Ramgoolam. « Et pour clore le tout, les Mauriciens dans un rôle de broker (intermédiaire) vont faire de Madagascar le dindon de la farce, car en signant cet accord ils bénéficieront de tout pas-de-porte et commissions sur les Investissements Directs Etrangers » selon toujours Holijaona Raboana qui se pose également des questions sur l’allocation des 450 m² à Taolagnaro. « L’octroi des terrains se fera-t-il par achat ou bail emphytéotique ? Dans l’un ou l’autre cas, ce sera une ZES mauricienne » constate-t-il en concluant que le mieux pour ce genre de projet est de le faire passer à l’Assemblée nationale, car il y va de la souveraineté de l’Etat.
Recueillis par R.Edmond