
L’indépendance de la justice a été fortement critiquée dans cette affaire de bois de rose. Ce qui entraîne une perte de confiance de la population et des bailleurs de fonds.
Les trafics de bois de rose ont connu de l’ampleur en 2014. « Même si c’est en baisse, les nouvelles coupes et les exportations illicites continuent de plus belle. La situation reste ainsi alarmante. En outre, l’Etat ne prend aucune mesure pour éradiquer ce fléau et n’applique pas d’une manière effective les lois pour sanctionner les contrevenants », a toujours dénoncé Ndranto Razakamanarina, le président national de l’Alliance Voahary Gasy (AVG) lors d’une conférence-débat organisée hier à l’American Center à Tanjombato. Raison pour laquelle, cette société civile oeuvrant pour l’environnement rappelle que les bailleurs de fonds ne doivent pas débloquer de financement pour l’Etat faute de bonne gouvernance. « Et aucun décaissement n’a encore eu lieu jusqu’à maintenant », a-t-il poursuivi.
Transparence. En fait, « nous n’avons pas souvent été écoutés par les autorités étatiques alors que nous ne cherchons qu’un Etat fort », a-t-il enchaîné. Toujours lors de cette conférence-débat initiée par l’AVG avec l’appui de l’Ambassade des Etats-Unis, les affaires Bekasy et les 30 000 rondins de bois de rose saisis par le gouvernement de Singapour ont été également discutés. « Ce premier a bénéficié d’une liberté provisoire alors qu’il a pu sortir du territoire malgache. Il a été ensuite évoqué qu’il serait rentré à Diégo et l’affaire n’est pas classée car c’est encore en cours d’instruction. Quant aux bois de rose saisis à Singapour, on attend tous la décision de la Cour d’Appel de ce pays. En effet, un ministre malgache a donné l’autorisation de l’expédition de ces bois précieux en février 2014 et un autre ministre s’est déplacé à Singapour en décembre 2014 pour confirmer la légalité de cette opération d’exportation. Nous n’exigeons que la transparence dans toutes les affaires de bois de rose », a soulevé Ndranto Razakamanarina. En plus, l’AVG est prête à travailler en partenariat avec l’Etat et les opérateurs pour éradiquer ce fléau dans le strict respect de la loi en vigueur.
Perte de confiance. De son côté, le ministre de l’Environnement, Beboarimisa Ralava qui a participé à cette conférence-débat a évoqué que l’Etat ne ménage pas ses efforts pour lutter contre les trafics de bois de rose et cela ne relève pas uniquement de son département. « La Chaîne spéciale traitant toutes les affaires de bois de rose sera prochainement mise en place, car la loi relative à cette juridiction spéciale a été déjà votée en Assemblée Nationale », a-t-il expliqué. On attend ainsi la publication du décret d’application de cette loi. « Cela prendra encore du temps. Mais en tout cas, l’AVG sera le premier plaignant se constituant de la partie civile dans cette affaire », a exprimé le président de l’AVG. Parlant de la justice environnementale, l’indépendance du tribunal est toujours fortement critiquée. D’où la perte de confiance de la population malgache et les bailleurs de fonds. Au niveau de la CITES, l’Etat qui cherche à liquider les stocks de bois de rose saisis d’une quantité de plus de 28 700 rondins a été déjà sanctionné. « L’Etat doit encore justifier la hausse des quantités de stocks déclarés par les opérateurs allant de 200 000 rondins en 2011 à 300 000 rondins en ce moment. La CITES lui a donné un délai jusqu’en septembre prochain pour expliquer tout cela sinon de nouvelles sanctions seront infligées », a évoqué Ndranto Razakamanarina. Notons qu’un film intitulé « L’île au trésor » relatant les exploitations illicites de bois de rose depuis 2009 ainsi que leurs conséquences, a été diffusé lors de cette conférence-débat.
Navalona R.