samedi, avril 19, 2025
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Dossier Sports : Elatr’i Betafo, la fierté de toute une ville !

L’équipe des moins de 13 et 15 ans du Elatr’ i Betafo.
L’équipe des moins de 13 et 15 ans du Elatr’ i Betafo.

Betafo, la grande oubliée des régimes successifs, a heureusement la passion du football pour pouvoir sortir sa tête de l’eau et bomber le torse malgré des conjonctures, on le sait, très difficiles.

Dieu a créé Elatr’i Betafo, un club mythique qui, comme un sphynx, est en train de renaître de ses cendres après une descente aux enfers liée à de graves problèmes financiers ayant conduit le club à déclarer forfait deux années durant.

Mort subite. Et quand le club perd dans la foulée son président, Tax de son prénom, on avait frôlé le pire, la dissolution pure et simple. Une mort subite presque inévitable.

Et si l’équipe A ne s’est pas relevée depuis, Elatr’i Betafo a changé son fusil d’épaule en optant pour la préparation de la relève. Un semblant d’organisation s’est installé en calquant sur la manière de faire des écoles de foot avec les moyens en moins puisque pour tout dire, tout est gratuit. Tout simplement parce que les membres comme les joueurs ne pouvaient faire autrement.

Et si les jeunes joueurs ne paient pas, on ne voit pas comment on peut payer les membres de l’encadrement qui sont des bénévoles, pour la plupart des anciens du club qui savent plus que tout qu’une économie de bouts de chandelle est de mise.  A titre d’exemple, aucun des joueurs de Elatr’i Betafo, soit une bonne centaine allant des moins de 10 ans, 13 ans, 15 ans et cette génération 2000 qui a fourni deux de ses meilleurs éléments à la sélection du Vakinankaratra avec Dino et Manampisoa, ne porte des chaussures neuves. Pareil pour les maillots car si ce n’est pas du chinois pour l’officiel, il y a la friperie pour les maillots d’entraînement. Même pour les chaussettes censées être d’usage individuel, ils vont jusqu’à Ambodin’Isotry ou Mahamasina pour puiser dans les tas et à prix …abordable.

Un ballon de deux ans. Autre exemple qui témoigne de la difficulté du club, même les ballons d’entraînement passent plusieurs fois dans les mains du cordonnier de service pour une durée de vie de deux ans. « Il m’arrive de payer de ma poche », explique le Président de la section de Betafo, Lucien Rafenomanana qui se saisit de l’occasion pour lancer un appel de détresse et plus particulièrement à la famille Naturel dont le Grenoblois Gaston qui avait déjà fait un geste par le passé en offrant des maillots. Les autres membres de la fratrie notamment Henri Roger et Gérard sont aussi attendus pour donner ce coup de pouce nécessaire.

Mais pour se forger un bon moral, les jeunes d’Elatr’i Betafo pensent que les Brésiliens des favelas ne sont pas mieux lotis et qu’à force de courage et d’abnégation, ils finissent par se frayer une place au soleil. Pour l’instant, ils se contentent de revivre un passé glorieux avec Kabö qui a été appelé en équipe nationale, ou encore Patrick qui faisait partie des juniors de la sélection d’Antananarivo sans oublier Feno « Petit » qui a renforcé les lignes de l’Ajesaia lors d’une tournée à la Réunion. Autant de faits d’armes qui font la fierté de toute une ville. Une situation qui les motive. Le plus important en fait dans une ville snobée par nos dirigeants et qui n’a que le football pour …vivre.

L’entraîneur de l’équipe Génération 2000, Fafah Raharimanana qui est un ancien du club.
L’entraîneur de l’équipe Génération 2000, Fafah Raharimanana qui est un ancien du club.

Encadrement technique : Retour aux sources pour Mamih ! « Les moyens importent peu car il faut de la volonté et une bonne méthode s’inscrivant dans la durée pour former des joueurs performants ». C’est par cette phrase que Mamih Andriamitantsoa, un technicien qui venait d’avoir une licence B d’entraîneur, entend apporter son aide pour les jeunes de Elatr’i Betafo et les membres du staff technique du club.

Un retour aux sources pour ce natif d’Ampahatrimaha qui est pourtant le club rival du Elatra dans les années 70 mais pour qui l’essentiel est de donner une bonne base aux jeunes footballeurs du coin. Le tout bénévolement et même plus car pour la bonne marche de l’atelier qu’il dirige le jeudi 24 et vendredi 25 mars, il a fait appel à un autre entraîneur de licence C, Eddie Andriamanantsoa, pour l’assister durant ces deux jours pleins.

Comme il va falloir aller plus vite, Mamih Andriamitantsoa procédera en même temps à l’initiation des jeunes joueurs à la coordination et à la conduite de balle.

« Je veux juste leur montrer la voie à suivre et c’est à eux de décider de leur sort même si je sais que cela ne va pas être facile car il manquera, c’est certain, le suivi diététique et médical pour espérer s’aligner avec les grandes écoles de foot européennes. » confirme Mamih qui prend très au sérieux son rôle car de Toulon où il travaille, il serait à même d’orienter un éventuel oiseau rare vers les centres de renom.

Et de conclure qu’il n’y a pas de miracle au football car ceux qui réussissent à l’heure actuelle sont passés par des centres connus et depuis leur jeune âge. Inconditionnel du Barça, il cite dans ses exemples Messi qui est un pur produit catalan mais aussi les prodiges français Anthony Martial et Kingsley Coman.

Un peu d’histoire. Le club du Elatr’i Betafo a vu le jour dans les années 50 en remplacement du Vary Club. S’il a toujours fonctionné sur fonds propres de par l’inexistence dans cette ville de société et même d’infrastructures hôtelières. Son principal handicap, en fait, même s’il s’agit d’un mal qui ronge cette ville snobée par les régimes successifs.

Mais à ses débuts, le club avait les moyens au point de s’offrir les services d’un joueur Vazaha du nom de Georges Labé. Dans les années 80, les rivalités entre Elatra, Faneva et Akon’Anjanamasy avaient suffi à remplir le stade et donc de pouvoir mettre un peu d’argent de côté.

Logique si les résultats suivaient pour ne citer que cette mémorable victoire de 2 buts à 0 de Mahamasina face au COSFA. Une victoire qu’on raconte encore avec force détails dans les chaumières.

Quelques années plus tard, le club parvenait à former des stars où outre Patrick appelé en sélection, il y avait aussi Chris et Bôda que les autres clubs s’arrachaient à l’instar de l’USA Tsarasaotra. Comme tous les joueurs de talent sont partis voir ailleurs, cela a motivé davantage la suppression de l’équipe senior.

Du gazon anglais. Le terrain de Betafo traîne derrière lui une solide réputation de par la beauté de sa pelouse. Sur ce chapitre en effet, le club ou la ville a hérité de son passé colonial avec du vrai gazon anglais qui, même sans entretien, arrive à se maintenir et à résister à toutes les intempéries.

Il manquait tout juste quelques passages d’une machine pour aplanir le niveau. Un rien qui ne coûte pas une fortune.

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