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mardi, juin 24, 2025
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Michaëlle Jean : « Le Sommet de la Francophonie sera une vitrine sur le monde pour Madagascar »

« Cette visite sera pour moi l’occasion d’aller à la rencontre de la population malgache, en particulier la jeunesse… »
« Cette visite sera pour moi l’occasion d’aller à la rencontre de la population malgache, en particulier la jeunesse… »

Dans le cadre de sa visite à Madagascar, la Secrétaire générale de l’OIF nous a accordé une interview axée évidemment sur le XVIème Sommet de la Francophonie.

Midi : Madame la Secrétaire générale, quel est l’objet de votre visite à Madagascar ?

Michaëlle Jean : « Je vais vous faire une confidence : il s’agit de ma toute première visite en terre malgache ! Vous comprendrez donc mon enthousiasme et mon impatience à l’idée de découvrir votre si beau pays.

Cette visite sera pour moi l’occasion d’aller à la rencontre de la population malgache, en particulier la jeunesse, pour l’écouter, connaître ses besoins et ses attentes, sentir ses aspirations, mais aussi observer et voir de plus près comment Madagascar se prépare à accueillir le monde francophone à l’occasion du Sommet. Je m’entretiendrai, bien sûr, avec le Président de la République Hery Rajaonarimampianina et la Ministre des Affaires Etrangères Béatrice Atallah ainsi qu’avec le corps diplomatique francophone qui, je le sais, est particulièrement mobilisé dans la perspective du Sommet.

Enfin, je profiterai de cette visite officielle à Madagascar pour inaugurer le nouveau bureau de l’Organisation internationale de la Francophonie pour la région de l’Océan Indien. Ce bureau, qui aura son siège à Antananarivo, servira de plateforme pour l’ensemble de nos actions avant, pendant, et surtout après le Sommet ».

 

Midi : Pensez-vous que Madagascar sera prêt aux dates convenues des 26 et 27 novembre 2016 pour la tenue du XVIème Sommet de la Francophonie ?

M.J. : « Absolument ! Madagascar sera, sans aucun doute, au rendez-vous et à la hauteur de l’événement… Pour y parvenir, il est essentiel que la population malgache se sente partie prenante de cette belle aventure et s’approprie le Sommet ».

Midi : Quelles retombées les Malgaches peuvent attendre avant, pendant et après le Sommet ?

M.J. : « Si Madagascar a été choisie pour accueillir le XVIe Sommet de la Francophonie, c’est bien parce que le pays joue un rôle influent et de premier plan au sein de l’Organisation Internationale de la Francophonie ! Ce Sommet est d’autant plus symbolique qu’il marque en quelque sorte le retour de Madagascar dans le concert des nations après une période complexe et chaotique.

Plus concrètement, je crois que le Sommet donnera une impulsion nouvelle qui va modifier le visage de Madagascar et renforcer son attractivité que ce soit par la modernisation des principales infrastructures ou l’arrivée de nouveaux investisseurs. Mais ce Sommet sera surtout pour Madagascar une formidable vitrine sur le monde, l’occasion de montrer au reste de l’humanité, la richesse de sa diversité, de ses ressources, de son savoir-faire, et tout ce qu’elle a à offrir dans les domaines économique ou culturel…. Plus encore, je crois que ce Sommet servira de levier pour la future croissance du pays.

La clé du succès sera de transformer l’élan du Sommet en véritable croissance économique au service de la population malgache. Il sera important de convertir l’engagement en investissement. L’objectif est que le thème de ce Sommet – Croissance partagée et développement responsable – qui porte en lui des valeurs universelles, puisse vivre bien au-delà du grand rendez-vous de novembre prochain ».

Midi : Quelle aide et sous quelle(s) forme(s) l’Organisation Internationale de la Francophonie peut apporter à Madagascar pour la réalisation du Sommet ?

M.J. : « De façon générale, pour l’organisation d’un Sommet, en particulier dans un pays du Sud, l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) apporte une expertise et un accompagnement technique par le biais d’un Comité de pilotage, et ce, dans tous les domaines nécessaires. Ce Comité de pilotage est à pied d’œuvre depuis plusieurs mois et travaille étroitement avec les autorités malgaches. Par ailleurs, l’OIF apporte un appui financier et technique au volet culturel du Sommet, et plus particulièrement au Village de la Francophonie qui sera construit en marge des instances officielles de l’événement.

Enfin, nous assurons une mobilisation des pays membres pour l’appui et l’accompagnement du pays hôte, que ce soit en matière de sécurité, de protocole, de logistique, etc.

Dans le cas particulier de Madagascar, l’OIF a également décidé d’ouvrir à Antananarivo un bureau régional pour l’Océan indien que j’aurai le plaisir et l’honneur d’inaugurer pendant ma visite officielle. Au carrefour de l’Afrique et de l’Asie, deux pôles clés de la Stratégie économique pour la Francophonie, Madagascar est un pays à la croisée des chemins dans un monde en pleine mutation. La francophonie malgache a donc vocation à jouer un rôle moteur dans la région de l’océan Indien. Ce nouveau bureau régional sera l’occasion pour l’OIF de renforcer davantage la coopération avec Madagascar. Par exemple, en perspective du Sommet, nous travaillons étroitement avec le Ministère malgache de l’Emploi et de la formation professionnelle sur un programme d’insertion des jeunes et de formation professionnelle et technique pour former 900 jeunes en hôtellerie-tourisme ».

Midi : Combien de ressortissants malgaches – surtout en termes de cadres – travaillent au siège de l’OIF à Paris ? Peut-on en espérer davantage au lendemain du Sommet ou du moins, durant votre mandat ?

M.J. : « Actuellement, deux ressortissants malgaches travaillent au siège de l’OIF à Paris. Ce serait un plaisir d’en compter davantage ».

Midi : Quelle est aujourd’hui la place de la Francophonie dans le monde notamment par rapport à l’espace anglophone ?

M.J. : « La Langue française est la seule langue, avec l’anglais, à être parlée sur les 5 continents. On compte aujourd’hui près de 275 millions de locuteurs de français dans le monde. Le français est la 2e langue la plus apprise dans le monde et la 3e langue des affaires.

Cela dit, la promotion et le rayonnement de la langue française ne doit pas se faire contre une ou d’autres langues. Là est notre force, la place que nous faisons à la diversité de nos expressions culturelles et linguistiques.

Nous, francophones, avons parfois tendance à sous-estimer le levier que représente la langue française qui est une chance extraordinaire pour notre rayonnement dans le monde. La langue française est une source d’opportunités, d’échanges entre une multitude de pays répartis sur les cinq continents. Nous devons voir la langue française comme un outil précieux de diplomatie et un levier de convergence pour nous tailler stratégiquement ensemble une place dans l’économie mondiale, de par nos réseaux, nos institutions, nos valeurs communes, nos ressources, nos compétences, nos capacités de créer, d’imaginer, d’inventer, d’innover, de produire.

Certaines études montrent que d’ici 2050, la langue française deviendra l’une des plus parlées dans le monde, notamment avec la croissance démographique en Afrique. Le potentiel de rayonnement de la langue française demeure immense. À nous de savoir répondre de manière attrayante au désir des jeunes de parler français. Ne manquons pas d’assurance ! Ne nous sabotons pas nous-mêmes avec défaitisme. Soyons fiers de notre langue ».

Midi : Face à la montée du terrorisme en Afrique, pour ne rappeler que ce que vous aviez qualifié « d’actes d’une extrême violence » en Côte d’Ivoire, pensez-vous que la menace terroriste plane sur le 16ème Sommet de la Francophonie à Madagascar ?

M.J. :« Le terrorisme n’est pas la seule affaire des pays et des peuples qu’il frappe. Ce fléau est plus que jamais l’affaire de tous les pays. C’est cette prise de conscience que la Francophonie s’attache à faire émerger à travers ses plaidoyers, à travers ses actions.

Au Sommet de Dakar, les chefs d’Etat et de gouvernement, préoccupés au plus haut point par l’expansion de ces menaces transversales, ont fait de la lutte contre le terrorisme une de leurs priorités. Ils se sont engagés à tout mettre en oeuvre pour y faire face. Dans cette lutte contre le terrorisme, ne sous-estimons pas nos armes de construction massive que sont l’éducation, la formation, la sensibilisation, l’accompagnement des actions menées par les organisations de la société civile pour combattre et prévenir l’embrigadement, les discours haineux, les appels à la violence, l’isolement et le désenchantement de la jeunesse. C’est d’ailleurs l’esprit de la grande campagne « Libres Ensembles » que j’ai récemment lancée en appelant les jeunes à exprimer leur attachement au vivre ensemble dans un monde meilleur.

En ma qualité de Secrétaire générale, je m’inscris pleinement dans cette dynamique et dans ce combat, et je sais que les Malgaches le sont aussi ».

Propos recueillis par Olivier RASAMIZATOVO

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