
La dernière note de situation économique du bureau de la Banque mondiale à Madagascar souligne la nécessité d’améliorer l’efficacité de la gestion financière de l’État.
La relance économique attendue depuis le retour à l’ordre constitutionnel n’est pas encore effective. la Banque Mondiale le confirme dans sa dernière note de conjoncture économique.
Dépréciation. Faisant notamment la revue de la situation économique au cours de l’année 2015, cette note de la Banque Mondiale fait état d’un bilan qui n’est pas très reluisant. «Le rebond économique a été moins vigoureux que prévu. La contribution à la croissance des branches de l’économie ayant été les principaux piliers de la croissance au cours des années récentes s’est atténuée. Les recettes d’exportations provenant des activités dans les secteurs minier, touristique et des entreprises franches ont baissé par rapport à l’année précédente à cause de l’évolution du marché global et des difficultés au niveau local. Pareillement à ce qui a été observé dans bon nombre de pays en Afrique subsaharienne, Madagascar n’a pas échappé à la dépréciation de la monnaie nationale par rapport au dollar américain. Au niveau local, la population a fait face à une accélération de l’inflation dès le premier trimestre, laquelle est restée en dessus de 7% jusqu’à la fin de l’année ».
Retard. Cette mauvaise performance est en partie due à un retard dans l’adoption de la loi de finances rectificative. « Compte tenu de l’évolution macroéconomique, une loi de Finances rectificative a été adoptée en novembre 2015 pour ajuster les prévisions budgétaires. À cause du retard dans l’adoption de cette loi, certaines mesures destinées à améliorer les recettes fiscales n’ont pas encore été mises en œuvre. En plus, l’engagement des dépenses non prioritaires a été suspendu pendant une période étendue. Cependant, l’objectif révisé de recettes fiscales a été atteint bien que les recettes de TVA sur les produits pétroliers aient été réduites à cause de la baisse de leur prix d’importation. Cette baisse des prix a permis de diminuer les dépenses publiques destinées aux subventions des prix à la pompe et d’alléger le déficit commercial. Elle a aussi facilité le passage au mécanisme d’ajustement automatique des prix à la pompe aux paramètres internationaux, effectif au premier semestre de 2016 ».
Crédibilité. La Banque Mondiale souhaite par ailleurs une amélioration dans la conception du budget. « La note constate qu’une part croissante du budget est allouée aux programmes d’investissements publics et que ces derniers sont conformes aux priorités qui sont annoncées dans la loi de Finances initiale. L’État prévoit d’investir davantage dans les infrastructures et dans les secteurs sociaux. Pour que le budget serve effectivement d’outil de prévision, des efforts sont encore nécessaires dans l’amélioration de la crédibilité du budget, en réduisant les écarts entre le budget voté et les dépenses exécutées. De manière plus générale, les améliorations devraient concerner tous les aspects de la gestion financière de l’État ». En tout cas, la Banque Mondiale s’attend encore à une amélioration de la situation. «La reprise économique devrait s’affirmer en 2016 dans la mesure où le gouvernement renforce les réformes initiées dans les années récentes. « Face à une concurrence internationale de plus en plus rude, le rebondissement de la croissance ne pourrait être plus affirmé en 2016 que si les problèmes structurels liés à la gouvernance et au climat des affaires sont adéquatement abordés » souligne KeikoKubota, Lead Economist du bureau de la Banque mondiale à Madagascar.
Recueillis par R.Edmond.