L’organigramme du nouveau gouvernement est un mélange de plusieurs systèmes avec un style venu de l’Est et un zeste (ou geste) hérité de l’Occident. L’ordre protocolaire est aussi assez flou puisque le décret portant nomination des ministres ne le détermine pas expressément.
L’un des changements apportés dans le gouvernement Mahafaly est la présence d’un vice-ministre auprès du ministère des Affaires Etrangères. Et ce, en la personne de Bary Emmanuel Rafatrolaza qui est à Madagascar ce que Mikhail Bogdanov est à la Fédération de Russie. C’est dire que le titre de « vice ministre » est surtout de mise dans les anciens pays de l’Est tels la Russie et la Pologne, même si on le retrouve aussi, dans une moindre mesure, dans d’autres Etats pour ne citer qu’Israël. Comme son nom l’indique, le vice-ministre seconde ou remplace le ministre, quoique dans le troisième gouvernement de la Quatrième République, il soit chargé spécialement de la Coopération et du Développement. Est-ce à dire que ces deux volets ne dépendent plus directement d’Attalah Béatrice ?
A grades égaux, rangs inégaux. En revanche, la formule « Secrétaire d’Etat » est plus usitée dans les systèmes occidentaux. A l’instar de la France où François Hollande et Manuel Valls ont remplacé les ministres délégués du gouvernement Ayrault par des secrétaires d’Etat. Lesquels sont sans commune mesure avec les pouvoirs du Secrétaire d’Etat américain qui est le chef du Département d’Etat chargé des Affaires Etrangères. Dans l’organigramme du gouvernement Mahafaly, les deux secrétaires d’Etat sont rattachés au ministère des Ressources Halieutiques en ce qui concerne Léonide Ylénia qui est chargée de la Mer ; et au ministère de la Défense nationale pour le cas du général Paza Didier Gérard qui est en charge de la Gendarmerie nationale. A propos de ce dernier qui est à l’avant-dernière place dans l’ordre protocolaire, force est de constater qu’à grades égaux, rangs inégaux car le SEG est sous la tutelle de l’autre général de corps d’Armée, Béni Xavier Rasolofonirina qui est le numéro 5 du gouvernement. Il prend rang après le Premier ministre mais avant le ministre de l’Intérieur et de la Décentralisation …Olivier Mahafaly. Le ministre de la Défense nationale passe aussi après les trois ministres auprès de la Présidence, en l’occurrence, Narson Rafidimanana (Projets présidentiels, Aménagement du Territoire et Equipement) ; Rivo Rakotovao (Agriculture et Elevage) ; Ying Vah Zafilahy (Mines et Pétrole). De son côté, le troisième général de corps d’Armée, Herilanto Raveloarison (Economie et Plan) se trouve au 11e rang. Il est précédé par les ministres Atallah Béatrice (Affaires Etrangères) et Charles Andriamiseza (Justice). Sans oublier le ministre des Finances et du Budget, François Marie Maurice Gervais Rakotoarimanana qui est en 8e position en matière de préséance, quand bien même il détiendrait le cordon de la bourse.
« Melting pot ». En tout cas, les membres du gouvernement ne prennent pas rang selon leur âge, mais visiblement d’après leur titre ou fonction, voire à la tête de la personne car des ministres ou des ministères ont été surclassés ou déclassés par rapport au gouvernement Ravelonarivo. Les 3 ministres auprès de la Présidence passent avant les 3 ministres de souveraineté qui font pourtant traditionnellement partie des domaines réservés du Président de la République. De nouveaux venus dans l’équipe gouvernementale passent également avant des anciens. Entre autres, le « 2 étoiles » de la Police Anandra Norbert (Sécurité publique) qui devance les deux « 4 étoiles » de l’Armée et de la Gendarmerie susnommés. Les Nourdine Chabani (Industrie et Développement du Secteur privé) ; Tazafy Armand (Commerce et Consommation) ; Eric Razafimandimby sont aussi placés avant les Maharante Jean de Dieu (Fonction Publique et Réforme de l’Administration) ; Roland Ratsiraka (Tourisme) ; Benjamina Ramanantsoa (Transports et Météorologie) ; Monique Rasoazananera (Enseignement supérieur et Recherche scientifique) ; Johanita Ndahimananjara (Environnement, Ecologie et Forêts) ; Roland Ravatomanga (Eau, Assainissement et Hygiène) ; Neypatraiky Rakotomamonjy (Postes, Télécommunications et Développement numérique) ; Vonison Andrianjato (Communication et Relations avec les Institutions) ; Anicet Andriamosarisoa (Jeunesse et Sports) ; Onitiana Realy (Population, Protection sociale et Promotion de la Femme). Nonobstant les ministres auprès de la Présidence, ceux en charge de ministères de souveraineté et les secrétaires d’Etat, force est de se demander quel critère a prévalu dans l’établissement de l’ordre protocolaire pour les autres membres du gouvernement. Déjà que l’organigramme est bâtard car mélangeant différents systèmes. A l’image même de l’équipe gouvernementale qui est un véritable « melting pot ». Reste à savoir si le PM ne tournera pas autour du pot.
R. O
