
Le plan de redressement d’Air Madagascar ainsi que toutes les décisions prises sont calculés, pour couler volontairement la compagnie nationale, selon les représentants des employés, qui ont manifesté hier à Ivato.
La manifestation des employés d’Air Madagascar a eu lieu hier à Ivato, mais avec peu de participants. D’après les explications des délégués du personnel, chaque syndicat se réunit depuis mardi dernier, pour mettre au point l’effectivité de la reprise de la grève inachevée en 2015. Les décisions finales devraient être connues d’ici à la fin de cette semaine, d’après leurs dires. « C’est pour cela qu’il n’y a pas encore grand monde. Mais les employés sont déjà nombreux à affirmer leur volonté de participer à ce mouvement. Ce sont ceux qui se rendent compte que les dirigeants actuels manœuvrent pour faire couler la compagnie nationale. Outre cette mauvaise intention, aucun point de notre requête de l’année dernière n’a été satisfait, malgré le commun accord, les engagements mutuels et la décision du tribunal. A part la réintégration des délégués licenciés, les primes de fin d’année et les assurances-retraite impayées, que nous avons réclamées l’année dernière, il y a également les impayés qui se sont cumulés au cours de l’année 2015. De l’argent que les dirigeants ont prélevé des salaires des employés, mais qu’ils n’ont pas versé, là où il faut. La Direction générale ne veut rien savoir et cela fait un mois que nous demandons une rencontre pour discuter. Nous avons fait le premier pas, alors que nous avons eu raison, même au niveau de la Justice. Il est temps de réagir », a déclaré le délégué, Rado Rabarilala, hier, lors de la manifestation à Ivato.
Austérité. Plusieurs mesures ont été prises pour le redressement d’Air Madagascar. Un plan a été adopté en décembre 2015. Parmi cela figure la compression du personnel, qui concerne près de 400 employés et permet à la compagnie d’épargner environ 2 millions USD. Cette semaine, la compagnie nationale a également annoncé en France le déménagement prochain de son équipe commerciale à Paris. Jusqu’ici, l’on sait que les bureaux parisiens d’Air Madagascar seront situés au 49, rue des Mathurins, dans le 8e arrondissement de la capitale française, à compter du 1er juin 2016. Il faut croire que cette décision vise à réduire le coût du loyer, même si cela pourrait avoir des conséquences négatives sur les ventes. En ce qui concerne le bureau de représentation à Marseille, au 176, Cours Lieutaud, en plein cœur de la cité phocéenne, aucune information n’a été communiquée. Pour les employés, d’autres mesures plus efficientes auraient pu être prises, pour rattraper les 76 millions USD de dettes évoquées par le DG Gilles Filiareault, en janvier dernier.
Désespérant. Aucune vraie solution n’est en vue actuellement, face au bras de fer entre les employés et la Direction Générale d’Air Madagascar, qui implique même le régime actuel. Un autre sujet brûlant a encore été évoqué hier par les manifestants à Ivato. « Du temps du régime de Didier Ratsiraka, la compagnie nationale a essayé d’acquérir un Boeing 747. Toute la somme due a été payée par Air Madagascar, en Fmg, auprès de la Banque Centrale de Madagascar. Mais cette dernière n’avait même pas versé la contrepartie en devises, auprès de l’Exim Bank, comme il se doit. Du coup, l’avion en question est gagé jusqu’à présent. Et comme par hasard, le gouverneur de la Banque centrale de l’époque est aujourd’hui devenu le président du Conseil d’Administration d’Air Madagascar », ont indiqué les manifestants. Ils ont ajouté qu’il est illogique qu’un DG en charge de redresser une société ne soit lié que par un contrat à durée déterminée de 6 mois renouvelable. « Avec leurs piètres résultats, ces dirigeants reçoivent une somme vertigineuse, comme salaire mensuel. Nous avons déjà demandé une comparaison, mais il est évident que ces gens ne veulent même pas que l’on connaisse leurs gains », poursuivent les représentants des syndicats. Bref, avec la nouvelle guerre qui s’annonce au sein d’Air Madagascar, le tourisme risque une fois de plus de prendre un coup dur. Jusqu’ici, aucun impact n’a été observé au niveau des différents services de la compagnie.
Antsa R.