Avant de rejoindre hier matin le Palais du Sénat pour une rencontre avec les parlementaires malgaches, le Secrétaire Général des Nations Unies a accordé au Carlton une interview aux trois journalistes de trois organes de presse écrite nationale dont Midi Madagasikara.
Midi : Etes-vous satisfait du processus de sortie de crise à Madagascar ?
BK : « Oui, je suis encouragé par le processus politique. Depuis la fin de la longue crise politique permanente et l’investiture de votre président Hery Rajaonarimampianina en janvier 2014, la situation à Madagascar est relativement calme. Cependant, le pays est toujours confronté à de multiples défis. Le processus démocratique doit être renforcé. Je poursuis mon rôle pour l’achèvement du processus de réconciliation nationale, le renforcement des institutions nationales, la lutte contre les inégalités et la pauvreté. Un dialogue continu et inclusif des dirigeants avec l’opposition et la société civile est important. Je vais demander au président de la République de s’engager davantage dans le règlement pacifique de tous les différends entre les parties prenantes. Je pense aussi que l’élection de 2018 devrait être tenue de manière transparente, pacifique et inclusive. »
Midi : La stabilité politique est-elle effective à Madagascar après le retour à l’ordre constitutionnel en 2013 ?
BK: « Je demande instamment que les dirigeants de Madagascar, le président, les parlementaires et les dirigeants politiques devraient engager un dialogue inclusif et puis essayer de répondre à toutes les différences d’opinion entre les différents acteurs politiques. C’est très important. Dans tous les pays, il existe des différences entre les gens. Mais, on doit faire face à ces différences par le dialogue inclusif et la réconciliation. Ce sera très important. Et un autre domaine que nous voulons voir se produire est le développement durable, le développement social et économique et le développement dans divers domaines. Comme vous le savez, les Nations Unies ont adapté le développement durable aux 17 objectifs. Et j’ai demandé au président de la République d’avoir une forte appropriation, de réduire toutes ces pauvretés et essayer de fournir une éducation de qualité. On doit mener des efforts pour l’assainissement et promouvoir l’autonomisation des femmes. Vous pouvez promouvoir et fournir de bonnes bases socio-économiques pour permettre aux gens de s’engager davantage dans leurs moyens de subsistance, leur société pacifique et significative. Et pour cela, nous devrions aller main dans la main pour construire la stabilité politique et aussi le développement. C’est une priorité principale de l’ONU. Je l’ai souligné aux principaux pays partenaires et bailleurs de fonds de Madagascar. »
Midi: Quelle serait la position de l’ONU en cas d’un nouveau coup d’Etat à Madagascar?
BK : « Je ne veux pas vraiment penser à ce genre de situation. Essayer de renverser un gouvernement démocratiquement élu n’est pas acceptable. Je sais que l’Union africaine a condamné un tel coup d’Etat militaire contre un gouvernement légitime. Toutes les divergences d’opinion doivent être réglées par un dialogue inclusif et un vote pacifique. Il y aura l’élection présidentielle en 2018. La voix du peuple doit se traduire par le vote. Voilà une chose : l’ONU est engagée à Madagascar dans un large éventail de domaines pour soutenir la cohésion inclusive du développement social durable, les besoins humanitaires, l’égalité des sexes et promouvoir l’État de droit. L’ONU travaille également actuellement avec l’autorité malgache pour la mise en oeuvre d’un plan prioritaire de consolidation de la paix. Le plan met l’accent sur la bonne gouvernance, la réforme du secteur de la sécurité et la stabilisation du Grand Sud. Je pense que nous allons travailler très étroitement avec l’Union africaine, la SADC et les principaux pays donateurs sur toutes les questions. Je réitère que toutes les différences, les différends politiques doivent être résolus par le dialogue et par des moyens pacifiques. »
Midi : Que pensez-vous du litige sur la propriété des «îles éparses » ?
BK : « Vous êtes déjà au courant qu’en 1979, l’Assemblée Générale de l’ONU a adopté la résolution 34-91. L’ONU a encouragé les Malgaches et les autorités françaises à discuter de cette question. »
Midi : Au rythme actuel de la chose, Madagascar pourrait-il atteindre les Objectifs du Développement Durable (ODD) en 2030 ?
BK : « Madagascar n’a pas été en mesure d’atteindre les objectifs du Millénaire pour le développement, sauf dans le domaine de la réduction de la mortalité des enfants de moins de 5 ans. Je pense que c’était à cause de l’instabilité politique dans le pays. Maintenant, c’est une bonne occasion. Les Malgaches doivent s’approprier des ODD. On doit les sensibiliser sur les 17 objectifs. Alors que le niveau de la pauvreté reste élevé, Madagascar a réussi à atteindre un certain objectif complexe dans l’OMD, dont la réduction du taux de mortalité. Ce genre d’expérience doit inciter à aller encore plus loin. Je suis très encouragé de voir tout ce genre de but social et le développement dans les campagnes. Chaque citoyen doit être conscient de cet engagement. Pour réussir, nous avons besoin de tous les segments de la société, du gouvernement et de la société civile. On doit transformer les économies, assurer l’égalité et promouvoir l’avenir social. L’équipe des Nations Unies ici continue à marcher avec vous. »
Midi : Avez-vous des mots à dire sur la lutte contre les trafics de ressources naturelles à Madagascar ?
BK: « Vous savez, je suis très encouragé que Madagascar soit un pays riche en ressources naturelles. 70% de la biodiversité, elles sont toutes endémiques. Toutes ces ressources de la biodiversité naturelles devraient être préservées. Les efforts du gouvernement devraient être beaucoup plus renforcés pour empêcher les trafics illégaux. L’ONU continuera de travailler en étroite collaboration avec le Gouvernement malgache. Je suis sûr que toutes ces agences de l’ONU ici vont travailler très étroitement pour aider Madagascar. »
Propos recueillis par R. Eugène