Dilma Rousseff, présidente du Brésil, sur la corde raide depuis plusieurs mois, est depuis hier écartée du pouvoir après le vote du Sénat qui s’est prononcé en faveur de l’ouverture de son procès en destitution. Les épisodes de ce feuilleton qui n’a rien d’une telenovela, ont été suivis avec intérêt par les observateurs, dont les dirigeants dans les quatre coins du globe. On est tenté d’avancer que les nôtres en ont – peut-être – fait de même.
Sans raccourci
Le goût, amer ou non, d’une menace de destitution, le président Hery Rajaonarimampianina en a déjà fait l’expérience. On se rappelle de l’épisode d’il y a un an, sans qu’il n’y ait de raccourci à faire en le comparant avec les événements qui secouent le mandat présidentiel brésilien. C’était en mai 2015, quand Tsimbazaza a voté la mise en accusation pour déchéance du président de la République pour violation de la constitution et haute trahison. Une tentative vite balayée d’un revers de la main par une HCC aussitôt accusée de s’être rangée du côté du régime HVM. Fin de l’épisode. On connaît pourtant la suite. Ceux qui veulent voir Hery Rajaonarimampianina écarté du pouvoir devront recommencer, si ce n’est pas de zéro, du moins, trouver une autre brèche dans laquelle il va falloir s’engouffrer, toutes sirènes hurlantes. On croit savoir que quelques failles sont déjà exploitées pour atteindre le même objectif « d’écourter » le mandat présidentiel. Avec toutes ces imperfections pointées du doigt, par des dignitaires religieux, par le numéro Un de l’ONU ou par des citoyens anonymes, force est de reconnaître que les raisons susceptibles d’attiser les mécontentements sont légion. Cependant, entre les identifier et les traduire en procédure légale pour déchoir sans (re)passer par la case coup d’Etat, il n’y a… pas qu’un pas.
Dilma Rousseff, elle, est accusée d’avoir maquillé les comptes publics afin de dissimuler l’étendue du gouffre et se faire réélire en 2014. Scénario qui a dépassé le stade de la fiction et qui lui vaut maintenant 180 jours de suspension. Imaginons que des scandales de corruption comme quelques-uns qui ont éclaboussé Dilma Rousseff, ou des manquements comparables à ceux qu’elle aurait pu commettre, sont commis en haut lieu. En arriverons-nous à la même issue que celle du Brésil ? Pas sûr, diraient certains. La situation là-bas est sans commune mesure avec le dédale politique dans lequel se perd le citoyen non initié aux tours de passe-passe, sinon de magie qui transforment une motion de déchéance en colle forte qui visse un « seza » que son propriétaire pourrait croire inébranlable.
Hanitra R.