
Le dernier rapport de la Banque Mondiale sur l’évolution économique affirme que la croissance économique à Madagascar est évaluée à 3% pour 2015. Le général de Corps d’Armée Herilanto Raveloharison, ministre de l’Economie et du Plan apporte des explications. Interview.
Midi Madagasikara. Pourquoi Madagascar a manqué son objectif de croissance dans la loi de Finances initiale en 2015 ?
Gal Herilanto Raveloharison. Madagascar a subi en début 2015 des intempéries qui ont affecté notamment la production agricole et accéléré par la même occasion l’inflation (7,4%). Par ailleurs, les perturbations au niveau de la compagnie aérienne nationale ont profondément atteint le secteur tourisme. De plus, les contextes internationaux ont été défavorables notamment pour les exportations avec la chute des prix des matières premières et le recul des exportations en volume des entreprises franches (malgré le retour à l’AGOA). En outre, le faible décaissement des financements extérieurs et le retard de l’adoption de la Loi de Finances Rectificative 2015 n’ont pas permis d’atteindre les objectifs d’investissement public. Ainsi, la croissance économique est estimée à 3,1% en 2015 soutenue principalement par les Bâtiments et Travaux Publics (BTP), les Auxiliaires de Transports et les Industries Extractives.
M.M. : Comment expliquer l’accélération de l’inflation en 2015 ?
Gal Herilanto. En 2015, le taux d’inflation à Madagascar a atteint 7,4% contre 6,1% en 2014. Cette accélération de l’inflation résulte principalement de la baisse de la production agricole due aux intempéries en début d’année et de la hausse des prix du carburant à la pompe dans le cadre du retour progressif à la vérité des prix. Ces dernières se manifestent par le renchérissement du coût des transports de marchandises. En fait, les prix à la pompe du gas-oil et du super sans plomb 95 ont augmenté, respectivement de 222 Ariary et 61 Ariary durant la période considérée. Par ailleurs, la hausse du coût de transport a entraîné l’augmentation des prix du charbon, principal source d’énergie des ménages malgaches.
M.M. : Quels sont les impacts de la conjoncture mondiale notamment la faiblesse des prix des matières premières sur le marché international sur l’économie nationale ?
Gal Herilanto. La faiblesse des prix des matières premières sur le marché international a eu des répercussions sur les exportations et les importations. La valeur des importations s’est contractée de près de 107 millions DTS par rapport à 2014 dont 121 millions DTS proviennent de la baisse de la facture des produits pétroliers. Quant aux exportations, elles ont augmenté de 18 millions DTS. Cela est du surtout à une hausse de celles de vanille (+90%), de girofle (+57%) et dans une moindre mesure de la valeur du nickel et du cobalt. Ce qui entraîné la réduction du déficit de la balance commerciale de 34,7% en 2015.
En ce qui concerne les prix des produits pétroliers, les prix à la pompe n’ont pas suivi l’évolution des prix sur le marché international. Ceci reste attribuable au mécanisme de fixation des prix qui limitait l’ajustement des prix à la pompe à l’évolution des prix d’approvisionnement.
M.M. : Quelles sont les perspectives à moyen terme?
Gal Herilanto. La perspective économique mondiale s’annonce plus encourageante en 2016, 2,9% contre 2,4% en 2015, à cause de la reprise des activités dans les pays développés en particulier aux Etats-Unis et dans les pays de la Zone Euro. L’économie du pays devrait se renforcer en conséquence en 2016. Pourtant, la faiblesse des cours des matières premières comme le nickel va se poursuivre et pourrait se répercuter sur nos recettes d’exportation.
Etant donné que le cours du pétrole sur le marché international a tendance à diminuer, cette situation devrait favoriser la demande interne à travers l’ajustement automatique des prix à la pompe. La réduction des subventions aux pétroliers suite à la baisse des prix internationaux permettrait de libérer les ressources publiques et d’intensifier les dépenses en faveur du développement. A noter que le cours du baril est prévu s’établir à 37 USD en moyenne en 2016, soit 27 % moins cher qu’en 2015.
La croissance économique est projetée à 4 ,1% en 2016 et de 4,6% en moyenne à moyen terme. Pour atteindre ces objectifs, des efforts restent à fournir dans le domaine de la gouvernance, du climat des affaires et du maintien de la stabilité macroéconomique afin de renforcer la confiance des investisseurs locaux et étrangers.
Recueillis par Antsa R.