
Les procédures d’expropriation pour cause d’utilité publique sont engagées, mais il n’y aurait pas de dédommagements
«Une douzaine de maisons, généralement des constructions sauvages à proximité de notre emplacement, doivent céder leur place à la nouvelle route qui sera construite dans le cadre du XVIe de la Francophonie. C’est selon la communication officielle qui a déjà été publiée dans les médias et de laquelle on nous a déjà fait part. Mais là, à notre grand étonnement, des individus ont marqué des croix sur nos maisons, le 3 avril dernier, tout en nous annonçant que nous devrons quitter les lieux pour faire place à ce projet de construction de route. De ce fait, 32 maisons en dur sont directement menacées par ces éventuelles démolitions, suite à une modification. C’est une chose que nous refusons catégoriquement d’accepter. Nous nous en tenons à la communication officielle. Or, les représentants de la mairie et ceux du « fokontany » que nous avons abordé n’ont pas nié l’existence de cette modification de trajectoire pour la nouvelle route», a confié Cerveau Paul Fanjanirina, l’un des porte-parole des propriétaires des 32 maisons menacées de destruction et non moins le propriétaire de l’une d’elles. Un avis qu’il partage avec Jérome Rakotomalala dit Romain, également un porte-parole et propriétaire de l’une de ces maisons en dur menacées d’être démolies. En fait, selon eux, la trajectoire de cette nouvelle route à Ivato vient d’être modifiée, risquant ainsi de causer la destruction de leur habitat. «Ce qui ne devrait pourtant pas être le cas s’ils (les responsables dudit projet) s’en tenaient à ce qui a été prévu», déplorent ces habitants.
1,6 milliard d’Ariary. Et ces derniers qui risquent l’expropriation affirment avoir déjà fait leurs petits calculs quant aux dédommagements que doit débourser l’Etat à cause de cette modification. «Que cherche à faire l’Etat? Si l’on touche aux 12 maisons, il ne faudrait que 100 millions d’Ariary pour le dédommagement. Mais si les 32 maisons touchées par la nouvelle trajectoire venaient à être rasées, il faudrait 1,6 milliard de compensation», poursuit Romain. Ainsi, eux de soupçonner des pratiques liées à une corruption de haut niveau. «Vu la tournure que cela prend, nous pensons que cette éventuelle modification profitera à certains. Il se pourrait qu’ils présentent le nouveau projet qui affiche plus de dédommagements. Mais au final, qui pourra garantir que ce soit vraiment celui-ci qui va être réalisé, mais non pas celui qui a déjà fait l’objet d’une communication officielle ?», a expliqué Cerveau Paul Fanjanirina.
Manifestation. Jusqu’ici, nous ne sommes pas encore en mesure de tirer au plus clair cette histoire. Des interlocuteurs ont déjà été questionnés sur ce sujet, mais en vain. En attendant, place aux doléances des habitants. Eux qui affirment ne pas vouloir rester les bras croisés. «Ceux qui ont marqué nos maisons ont affirmé qu’ils exécutaient seulement les ordres qui leur ont été donnés. Ainsi, nous ne manquerons pas de faire une grande manifestation, si jamais cette histoire ne tourne pas en notre faveur», rajoutent les porte-parole. Avant de conclure : «Qu’allons nous devenir si l’on va perdre notre maison sans rien gagner en retour ? On nous a dit que l’on va seulement nous donner un nouvel emplacement, mais non pas le remboursement de nos maisons qui seront détruites».
Arnaud R.