
Les bailleurs de fonds pointent du doigt la mauvaise répartition des richesses, comme facteur principal de la faible croissance économique et du piètre développement humain dans certains pays d’Afrique, dont Madagascar.
Villes durables et transformations structurelles ! C’est le thème spécial du rapport « Perspectives économiques en Afrique 2016 » présenté hier, à l’occasion des Assemblées Annuelles de la BAD (Banque Africaine de Développement), qui se tiennent à Lusaka -Zambie du 23 au 27 mai. Avec les informations qu’il contient, ce rapport élaboré par la BAD, en partenariat avec l’OCDE (Organisation de Coopération et de Développement Economique) et le PNUD (Programme des Nations Unies pour le Développement) est désormais le nouvel outil principal de référence pour les négociations de partenariats et la définition de la voie à suivre pour le développement. Lors de la présentation, Abebe Shimeles, directeur par intérim de Recherche-développement de la BAD a noté que seulement 6 pays africains ont aujourd’hui un taux de croissance économique supérieur à 7%. Ce seuil doit pourtant être dépassé, pour mettre fin à la pauvreté extrême. En effet, Madagascar a encore beaucoup à faire, d’après le rapport qui indique un taux de croissance estimé à 4% pour 2016 et 4,5% en 2017. Par rapport à l’ensemble des pays africains, cette croissance économique de la Grande Ile s’aligne à la moyenne, mais évolue plus lentement.
Trompe-l’œil. Le ralentissement économique est souvent attribué à la tendance baissière du cours de matières premières. Et pourtant, les économistes de la BAD affirment que ce n’est pas vraiment le cas. En effet, le rapport sur les Perspectives économiques indique une faible élasticité de la croissance économique, par rapport à la variation du cours de matières premières. « Une baisse de 1% du prix des matières premières sur le marché international n’engendre qu’une diminution de 0,2% du PIB (Produit intérieur brut) », lit-on dans le rapport, qui sous-entend que les dirigeants ne doivent pas se cacher derrière cette évolution des prix pour expliquer la faible performance économique d’un pays. Par contre, l’inégalité est citée comme principale menace à la durabilité de la croissance. « Chaque pays doit trouver les moyens de réduire les inégalités qui entravent la capacité de croissance. Cela concerne aussi bien la répartition des richesses que l’approche genre », a évoqué Abdoulaye Mar Dieye, directeur du Bureau régional Afrique du PNUD. Certes, les partenaires techniques et financiers sont unanimes quant à la nécessité de réduire les inégalités, une position qui n’enchantera guère la jetset.
Vulnérable. En ce qui concerne le développement humain, le progrès reste insuffisant, pour ne laisser personne sur le bas-côté, d’ici à 2030, d’après la 15e édition des Perspectives économiques en Afrique. De plus, l’indicateur pour ce volet est en baisse. L’Indice de développement humain (IDH) en Afrique, pour la période 2010-2016, est évalué à 0,7 ; contre 1,5% pour la période 2000-2010. Et les pays les plus dotés de ressources naturelles sont les plus en retard. Avec 36 autres pays, Madagascar figure dans la catégorie des pays vulnérables ayant un IDH de moins de 0,55, alors que Seychelles dans la même région figure parmi les plus performants et une fois encore, l’explication avancée est l’inégalité. « Une bonne politique publique s’impose pour améliorer le développement humain. Ce document présenté aujourd’hui montre déjà la voie à suivre, pour atteindre les Objectifs de développement durable, pour l’agenda 2030 et l’agenda 2063 », a avancé le représentant du PNUD. De leur côté, les panélistes invités à intervenir après la présentation du rapport sur les Perspectives économiques ont noté la nécessité d’améliorer la répartition du budget public et des relations entre l’Etat central et les Collectivités décentralisées. Bref, une transformation structurelle est préconisée.
Antsa R. (Lusaka-Zambie)