
La rencontre qui s’est tenue hier entre les membres du gouvernement, les députés et les représentants des journalistes a échoué.
Un dialogue de sourds. C’est ainsi que l’on peut qualifier la rencontre entre une délégation des journalistes, des membres du gouvernement et les députés qui s’est déroulée hier. En effet, les pourparlers ont échoué. Les parties prenantes n’ont trouvé aucun terrain d‘entente. Les députés continuent de camper sur leurs positions en vue de l’adoption au forceps du projet de Code de la Communication médiatisée. Selon les explications de Soava Andriamarotafika et de Lalatiana Rakotondrazafy, la rencontre qui s’est déroulée hier après-midi à Tsimbazaza a été organisée uniquement afin de justifier l’adoption de ce texte. Les députés ont forcé indirectement les journalistes à exposer leur projet d’amendements. Une approche considérée par les journalistes comme « un piège ». Bon nombre d’observateurs soupçonnent une mauvaise foi de l’Exécutif et des parlementaires par rapport à cette affaire. A noter que l’ordre du jour a déjà été voté hier. D’après les informations, l’adoption de cette loi aura lieu ce jour à 15h quel que soit le résultat de la médiation menée par les représentants des Nations Unies. A en croire nos sources, c’est la Présidence qui force le Parlement à voter le Code de la Communication médiatisée. Il serait même question de la dissolution de la Chambre basse si toutefois un autre ajournement est encore décidé. Quid alors du respect du principe de séparation des pouvoirs ?
Modifications. A l’allure où vont les choses actuellement, le régime a donc choisi d’ignorer la proposition des représentants du Système des Nations Unies à Madagascar qui ont convoqué hier matin les parties prenantes. Etaient présents entre autres, les représentants de l’Ordre des Journalistes de Madagascar (OJM) dirigés par son président Gérard Rakotonirina et son vice-président Didi Ratsimbazafy, des journalistes membres du mouvement pour la liberté d’expression, le Groupement des Editeurs de Presse d’Information et Multimédia de Madagascar (GEPIMM), des membres de la Société civile, le Directeur de Cabinet du Ministère de la Communication, de l’Information et des Relations avec les Institutions, Nivo Ratiarison, le Centre de Recherches en Communication de l’Université d’Antananarivo, ainsi que les Consultants du Système des Nations Unies ayant participé à l’élaboration de l’avant-projet de Code de la Communication. La rencontre a été facilitée par le Conseiller aux Droits humains auprès du Système des Nations Unies et ses collègues du PNUD, de l’UNESCO et du Département des Affaires politiques de l’ONU. Tous ont reconnu que l’avant-projet de Code élaboré de manière consensuelle avec toutes les parties prenantes, accompagné par le Système des Nations Unies en 2015, a fait l’objet de modifications importantes par le gouvernement avant sa présentation au Parlement.
Ajournement. Dans un communiqué conjoint, les participants à cette rencontre ont admis unanimement la nécessité de la tenue d’un dialogue entre l’Exécutif et les autres parties prenantes avant tout examen et adoption du projet de Code de la Communication. L’ajournement du vote du texte a donc été décidé à l’unanimité. Quoi qu’il en soit, l’on peut affirmer que les revendications des journalistes bénéficient du soutien du Système des Nationale Unies. Nul n’ignore que la Communauté internationale a toujours été soucieuse du respect de la liberté d’expression. A l’issue de l’entrevue, Omer Kalameu, Conseiller des Droits de l’Homme au niveau du Programme des Nations Unies pour le Développement s’est engagé à intervenir auprès du président de la République et du Premier ministre. Les députés ont donc choisi d’ignorer cette proposition, puisque d’après les informations, l’adoption du Code de la Communication médiatisée aura quand même lieu cet après-midi à 15h.Tous les recours possibles ayant été épuisés, il ne reste plus que la pression internationale pour convaincre le Parlement à faire machine arrière.
Sit-in. Dans la matinée, les journalistes et des membres de la Société civile ayant prévu d’organiser un sit-in à l’Assemblée nationale n’ont pas pu accéder à l’intérieur du palais de Tsimbazaza. Pour cause, l’Hémicycle a été fortement sécurisé par des éléments de l’Emmoreg lourdement armés. Tôt le matin, les entrées ont été investies par l’équipe du Colonel Ravoavy Zafisambatra. A l’intérieur, les gendarmes, les militaires et les policiers rattachés à la Direction de la Sécurité de la Chambre basse étaient sur le qui-vive. Des dispositifs de sécurité particuliers ont été pris pour cette occasion. Pour disperser les manifestants, les éléments de l’Emmoreg ont utilisé la force. Un journaliste de la Radio Antsiva a été blessé en recevant des coups de pied. Au cours du Conseil des ministres d’hier, l’Exécutif a décidé d’amender l’article 20 de la loi sur la cybercriminalité.
Davis R