Mino Razafitrimo née Rakotomalala, 31 ans, mère de deux enfants de six et de trois ans. Elle fait partie des victimes de l’attentat qui a eu lieu sur la prestigieuse allée « La Promenade des Anglais » à Nice. Il était 23 heures, juste quelques minutes après la fin du feu d’artifice lorsqu’un spectacle terrifiant se produisit. Un camion fou roulant à tombeau ouvert a dévalé deux kilomètres de l’Avenue et a percuté tout ce qui se trouvait devant lui. Le bilan est très lourd, 84 personnes sont officiellement déclarées mortes. Une cinquantaine de blessés dont plusieurs dans un état d’urgence absolue continuent d’être soignés à l’hôpital de Nice. La rapidité de l’enquête policière a permis de déterminer que le conducteur fou est d’origine tunisienne, 31 ans. La section anti-terroriste du Parquet de Paris n’a pas mis longtemps pour découvrir que le camion frigorifique avait été loué deux jours auparavant à Saint-Laurent-du-Var, commune limitrophe de Nice. A l’intérieur du véhicule se trouvaient plusieurs armes de guerre factices. La thèse d’un acte terroriste commence à se confirmer. Le procureur de Paris François Molins a d’ailleurs évoqué une piste islamique lors de la conférence de presse qu’il a donnée, hier soir. Parmi la longue liste de victimes figure le nom de Mino Razafitrimo. Elle était venue comme tous les habitants de Nice apprécier le feu d’artifice lorsque l’attentat s’est produit et lui a coûté la vie. Trois ressortissants malgaches sont blessés et hospitalisés à la suite de cet acte barbare. Cinquième ville la plus peuplée de France et parmi les plus touristiques, Nice n’a jamais connu une telle scène d’horreur dans son histoire. Toute la France est consternée et son président a tout de suite pris la décision de prolonger l’Etat d’urgence pour les trois mois à venir. Un geste de solidarité de la part de l’Etat malgache est naturellement attendu, surtout si la famille avait besoin d’un rapatriement du corps de la victime. Hier, les drapeaux français étaient en berne et un deuil national de trois jours a été décrété. A Nice, le concert de la starlette américaine Rihanna a été tout de suite annulé. Cet événement horrible rappelle aux malgaches l’attentat du 26 juin au stade municipal de Mahamasina. Oui, c’était pendant la commémoration de la fête de l’indépendance qu’une bombe a explosé, tuant deux jeunes gens et faisant plus de 80 blessés. La seule différence aura été le fait que la France a tout de suite décrété l’Etat d’urgence vu qu’il y avait morts d’homme et une profanation de la fête nationale. Chez nous, l’enquête est au point mort et l’attentat commence même à s’estomper devant une vie politique pourtant morne, très morne…
D.R
Il a tout vu, à 50 mètres du lieu du crime, dans la rue perpendiculaire appelée la Gambetta. Nanté Ravaroson, un malgache habitant depuis des années à Nice témoigne…
Nanté Ravaroson : « Pour les Niçois, la célébration de la fête nationale Française se déroule sur la « Promenade des Anglais », comme l’avenue de l’indépendance à Antananarivo. Pour l’événement, la rue devient piétonne et est interdit aux automobiles. Les gens y viennent pour admirer les spectacles du feu d’artifice. J’étais en route pour rentrer chez moi, à hauteur d’un quartier appelé la Gambetta et tout près d’un prestigieux hôtel appelé Negresco lorsque j’ai soudain entendu des coups de feu suivis d’une panique générale. Les gens couraient dans tous les sens et j’ai constaté qu’à 50 mètres de là, un camion fou percutait tout ce qui était devant lui. Je n’ai pas encore eu le temps de saisir ce qui se passait mais l’image qui m’est revenue tout de suite dans la tête était celle de l’attentat contre Charlie Hebdo. Je me suis refugié dans la rue perpendiculaire et j’ai observé quelques minutes après des corps gisant partout dans leur sang. J’ai aussi remarqué des blessés dont des enfants et des véhicules du SAMU ne cessant de faire l’aller-retour pour transporter ces gens. C’est là que j’ai compris qu’il s’agissait d’un acte terroriste. D’ailleurs, les gens hurlaient sans cesse le mot « attentat ». Quelques heures plus tard, la communauté malgache à Nice m’a appris le décès de l’une des leurs, qui plus est, la femme d’un ami proche. Trois autres personnes ont été hospitalisées et leur état n’est pas encore connu, ai-je appris de la même source. Un bébé de trois mois a été porté disparu, mais a été retrouvé en fin de matinée. Consternation pour la diaspora malgache de Nice et hier soir, les membres ont présenté leurs condoléances à la famille éplorée ».
Propos recueillis par D.R