Dans son « droit de réponse » publié sur les colonnes de nos confrères de « Madagascar Matin », le Questeur du Sénat, Abdirassoul Mourad joue la carte de la transparence sur les avantages des parlementaires.
Le droit de réponse paru dans un quotidien de la place a le mérite, comme le souligne d’ailleurs le Questeur du Sénat chargé de l’Administration des Finances et du Personnel au sein du Sénat, de faire la « transparence ». En cette période où des mouvements de contestations commencent à voir le jour car la majorité de la population vit dans une extrême pauvreté, le Sénateur Abdirassoul Mourad décide de jouer la carte de la transparence et publie les salaires et indemnités perçus mensuellement par les membres de la Chambre Haute. Une initiative qui va certainement provoquer des polémiques au sein des observateurs. En effet, si l’on se réfère aux chiffres évoqués par le Questeur de Sénat dans son « droit de réponse » publié dans les colonnes de nos confrères de « Madagascar Matin », un sénateur perçoit donc des avantages 35 fois supérieurs par rapport au salaire des employés du secteur non-agricole à Madagascar. Selon une étude publiée au mois de mars dernier, le salaire minimum mensuel à Madagascar est de 291 766 Ariary. Pour leur part, nos sénateurs sont plutôt très bien payés. Pourtant, cinq mois après leur rentrée solennelle, aucune mesure touchant directement le social de la population n’a été prise du côté d’Anosikely, mis à part l’adoption du Code de la Communication liberticide qui est à l’origine de la « crise » actuelle entre le régime et le monde de la presse.
Transparence. 9 470 886 Ariary, soit un peu moins de 50 millions de Fmg. C’est le total du salaire et avantages perçus mensuellement par un sénateur. Cette somme comprend entre autres, la solde et accessoires de solde de 2 676 886 Ariary (13 384 430 Fmg) Net d’impôt ; des indemnités mensuelles de fonction et de représentation de 124 000 Ariary ; une indemnité mensuelle compensatrice de frais de loyer de 800 000 Ariary ; une indemnité mensuelle de tournée de 720 000 Ariary ; ainsi que 5 000 000 Ariary pour la location de voiture et carburant ou frais d’avion, les frais d’hébergement et de restauration et les indemnités des assistants parlementaires. La question est aussi de savoir pourquoi ce sont les sénateurs eux-mêmes qui paient les salaires des assistants parlementaires. Qu’en est-il alors de la transparence dans la gestion des affaires publiques ? Aux yeux des observateurs, cette pratique n’est pas du tout conforme aux principes de la bonne gouvernance et de l’Etat de droit.
630 millions par an. Pour leur part, le président du Sénat et les membres du Bureau permanent perçoivent un salaire et des indemnités nettement supérieurs par rapport aux simples sénateurs. 2 781 057 Ariary Net d’impôt de salaire et 192 000 Ariary d’indemnité de fonction et de représentation pour Honoré Rakotomanana tandis que 2 722 578 Ariary de salaire et 150 000 Ariary d’indemnité pour les BP. En outre, les membres du Bureau permanent et les présidents de Commission reçoivent aussi une somme de 6 000 000 Ariary par mois pour la location de voiture et carburant ou frais d’avion, les frais d’hébergement et de restauration, ainsi que pour le paiement des indemnités des assistants parlementaires. Au total, le numéro Un de la Chambre Haute touche 10 643 057 Ariary (53 215 285 Fmg) de salaire et avantages par mois tandis que 10 542 578 Ariary (52 712 890 Fmg) pour les membres du Bureau permanent et les présidents de Commission. Il convient de noter également que pour chaque session parlementaire, les sénateurs perçoivent une indemnité de session de 50 000 Ariary par jour. Rien que pour les deux sessions ordinaires de 120 jours donc (ndlr : la durée de chaque session est de 60 jours), chaque parlementaire perçoit chaque année une somme de 6 000 000 Ariary. 120 millions Ar de salaire et indemnités par an (ndlr : 10 millions Ar par mois multiplier par 12 = 120 millions Ar) et six millions d’indemnité de session. Au total donc, chaque sénateur reçoit au minimum 126 millions de Ar par an, sans parler de ce qu’il perçoit lors des sessions extraordinaires. Un « business » plutôt très lucratif pour des parlementaires qui travaillent peu par rapport à d’autres citoyens. Alors que la majorité des Malgaches vit dans une situation de pauvreté alarmante, nos sénateurs se permettent de publier des informations sur leur salaire et avantages faramineux. En tout cas, tous ces chiffres reflètent l’énorme décalage entre dirigeants et dirigés à Madagascar.
Davis R