Les heureux téléspectateurs qui ont la chance de suivre le Tour de France cycliste sur leur petit écran ne manquent surtout pas d’admirer la beauté des paysages défilés devant eux. Des monuments millénaires maintenus dans un état à nous faire pâlir d’envie, nous, qui avons saccagé nos vestiges du passé datant d’à peine du XVIIIe siècle, enfin ! Ne parlons pas des champs de culture verdoyant rectilignes qui traduisent l’acharnement au travail de la population des aborigènes ni de la longue liste des immigrants venus dans le coin, sans parler de la beauté de la nature comme les cours d’eau ou les forêts… Enfin tout est beau et inspire la fierté d’avoir un patrimoine. Bref, « Là, tout n’est qu’ordre et beauté, Luxe, calme et volupté. » comme disait si bien le poète Baudelaire.
Devant cette admiration on peut se demander, pourquoi ces Français, en particulier et ces Européens en général ne se contentent-ils pas de visiter (parce qu’il est sûr qu’ils n’ont pas tout vu) ce qu’ils ont chez eux, sous les yeux, et viennent dépenser leur temps et leur argent pour venir chez nous, en plus pendant la saison froide ?
Nous avons cinq mille kilomètres de côtes, soit disant un atout balnéaire mais en fait, en réalité, nous en faisons des plages de chiottes ou de lieux d’aisance, pensant peut-être que puanteurs et senteurs se confondent pour nous. Notre flore, n’en parlons pas, Madagascar « l’Ile Rouge »comme on l’avait si bien prédit est bien une réalité, mais elle traduit notre inconscience quand on dit « Rahoviana no ho lany ny ala-antsinana ?» traduire « On s’en fout, y en aura toujours ». Et la faune ? Vandalisme et cupidité semblent être endémiques aux seuls Malgaches.
A bien réfléchir, que dire à ces étudiants en tourisme ? Ces touristes doivent sûrement rechercher quelque chose ici. Après réflexion, on peut se dire que ce malström de négatifs fait peut-être notre attrait.
Nous vendons, en fait, un pack ou un ensemble de choses comportant la couleur de notre ciel, les vraies senteurs de nos épices encore en terre, notre hospitalité légendaire et l’ambiance débonnaire qui nous caractérise etc. Et nous enveloppons le tout dans nos illusions perdues : « Connais-tu mon beau village, / Qui se mire au fond du ruisseau? / Encadré dans le feuillage, / On dirait un nid d’oiseau / Ma maison parmi l’ombrage, / Me sourit comme un berceau. »
M.Ranarivao