«C’est complètement insuffisant, tant sur le plan quantitatif, c’est-à-dire rapport énergétique, que sur le plan qualitatif. A long terme, s’il n’y a pas d’autres apports, c’est forcément létal, un décès», a regretté Brigitte Doppler, nutritionniste du Comité International de la Croix-Rouge (CICR) en charge du programme alimentaire, pour expliquer la gravité de la situation concernant la malnutrition en milieu carcéral à Madagascar. En effet, il a été rapporté que l’Etat malgache a vraiment du mal à nourrir ses quelques 22 000 détenus à travers tous le pays. De ce fait, plus d’un prisonnier sur deux sont en situation de malnutrition modérée ou sévère, selon toujours le CICR. «Bien qu’une circulaire du ministère de la Justice prévoie bien une ration individuelle quotidienne de 750 g de manioc, dans les faits réels, celle-ci dépasse rarement les 300gr », a-t-on rajouté. Parmi les principales causes de cette calamité dans les prisons malgaches figure, rappelons-le, l’importante baisse du budget alloué à l’administration pénitentiaire. Cette baisse est évaluée à 70% depuis 2009. Ce qui empêche souvent aux responsables des établissements pénitentiaires, de répondre efficacement aux besoins des prisonniers en matière de nutrition et de santé.
Depuis 2011. «Le manque de vitamines ralentit le métabolisme à un tel point que le corps n’a plus la force de réagir en cas de maladie. Souvent, il n’y a pas de fièvre, ni de symptômes, mais des maladies ou des infections graves potentiellement mortelles, comme la tuberculose ou le paludisme, peuvent passer inaperçues », a rajouté le CICR. A ce sujet, l’existence d’une tuberculose et d’autres maladies du même genre à la maison de force de Tsiafahy n’a pas été niée par le chef d’établissement. Ainsi, pour contribuer à la lutte contre la malnutrition en milieu carcéral, le CICR a déjà mis en place depuis 2011 divers programmes nutritionnels à l’échelle nationale avec l’appui de ses divers partenaires et autorités locales. Ce programme touche près de la moitié des 42 établissements pénitentiaires malgaches. Il est question de fournir des repas spéciaux pour les détenus les plus malnutris, en plus de leur ration «normale». Mais la gravité de la situation rend difficile l’acquisition de résultats satisfaisants.
Arnaud R.