« On ne négocie pas avec les adversaires » ! C’est certainement la position du président Hery Rajaonarimampianina et de ses proches collaborateurs vis-à-vis de la Grande famille de la presse. En effet, bien malgré les pourparlers en cous, la Présidence de la République a quand même transmis au niveau de la Haute Cour Constitutionnelle (HCC) le projet de Code de la Communication médiatisée, adopté le 14 juillet dernier à l’Assemblée nationale par 18 députés seulement sur 151. En quelque sorte, le Chef de l’Etat a décidé d’ignorer la bonne foi des journalistes membres du mouvement pour la liberté d’expression qui ont déjà déposé une demande d’audience auprès de la Présidence. Pourtant, lors de son déplacement à l’Île Maurice, le numéro Un d’Iavoloha a déclaré qu’il reste ouvert au dialogue. Une déclaration qui n’était donc que des paroles en l’air. Et ce, dans la mesure où si l’on se réfère au site de la HCC, la Loi n° 2016-029 portant Code de la Communication médiatisée a été transmise à Ambohidahy hier, 29 juillet. La Loi n°2016-031 modifiant et complétant certaines dispositions de la loi n°2014-006 du 17 juillet 2014 sur la lutte contre la cybercriminalité, et la Loi organique n°2016-30 complétant certaines dispositions de la loi organique n°2014-018 du 22 septembre 2014 régissant les compétences, les modalités d’organisation et de fonctionnement des Collectivités Territoriales Décentralisées, ainsi que celles de la Gestion de leurs propres affaires, ont également été transmises à Ambohidahy hier.
Dialogue. En tout cas, avec ce forcing de la Présidence, la tentative de dialogue tombe donc à l’eau. Le président Hery Rajaonarimampianina n’a pas donné suite à la demande d’audience déposée par les journalistes. Et ce, bien malgré les recommandations des Etats-Unis, de l’Union Européenne, Reporters Sans Frontières et des différentes associations et organisations œuvrant pour la liberté de presse et la liberté d’expression qui ont dénoncé l’adoption de cette loi « liberticide » par le Parlement. Quoiqu’il en soit, la balle est désormais dans le camp des Juges constitutionnels qui vont trancher sur la conformité à la Constitution du Code de la Communication médiatisée. Reste à savoir si la HCC va prendre en considération les risques et les polémiques engendrés par ce texte. Comme ce fut le cas lors du vote à l’Assemblée nationale de la motion de déchéance contre le président Hery Rajaonarimampianina où la HCC a recommandé l’élaboration d’un pacte de responsabilité au nom de l’apaisement et de la stabilité. Il se pourrait également qu’Ambohidahy déclare certains articles de texte non conformes à la Constitution.
Davis R