
Politique de migration de la région d’Amoron’i Mania, un modèle de réussite. C’est du moins l’impression que s’était faite la ministre de la Population Onitiana Realy, le 28 octobre 2015, venue présider l’installation officielle de la 1re et 2e vague des migrants dans le site de Maroanakomby, commune de Mandrosonoro dans le district d’Ambatofinandrahana.
Un modèle de réussite qui s’explique en partie par le fait que cette politique de migration en déclinaison du SRAT (Schéma Régional d’Aménagement du Territoire) a été conçue et réalisée avec la contribution inclusive de la communauté locale et se basant surtout, sur les réalités existantes sur place. La région d’Amoron’i Mania quant à elle, avec l’appui du programme Matoy financé par le gouvernement suisse, n’a joué que le rôle de facilitateur en instaurant les conditions cadres favorables à la mise en œuvre de cette politique.
Disparité. Le peuplement du territoire dans la région d’Amoron’i Mania, se caractérise principalement par sa disparité. Dans la partie Est, les ¾ de la population se concentrent sur 1/3 du territoire. Contrairement à la partie Ouest qui représente les 2/3 du territoire et qui ne sont servis que par le quart du peuplement. D’où une politique de migration s’avèrant plus que vitale, pour l’instauration d’un développement durable, harmonieux et équilibré. Pour la mise en œuvre, la région d’Amoron’i Mania est appuyée par le programme Matoy financé par la coopération suisse et exécuté par un consortium composé de l’Ong Hélvetas Swiss, l’Ong AIM et l’Ong Saha.
Processus. Le processus de mise en œuvre a nécessité quatre étapes. La première étape a débuté par la validation de document de politique de migration suivie des descentes en masse pour la préparation psychologique des communes et des habitants de l’ouest. La troisième étape était l’identification du site. Pour terminer par la 4e étape qui est la distribution des terres aux migrants devenus de nouveaux propriétaires.
Maroanakomby s’étend sur une superficie de 7000 ha, inhabitée, inexploitée et dépourvue de toutes infrastructures de base.
Après la mise en place du bureau de migration et du comité d’accueil local des migrants, la phase cruciale était la sélection des candidats volontaires à la migration, face à l’ampleur des demandes et aussi de l’installation sur le site des bénéficiaires sélectionnés. Des militaires ont été dépêchés sur les lieux pour assurer la sécurisation en permanence.
Gîte d’étape. Un gîte d’étape pour héberger la première vague de migrants a été construit par les migrants eux-mêmes à titre d’apport bénéficiaire avec l’aide des matériaux locaux. Seuls les repas des migrants durant la construction et le main d’œuvre spécialisée étaient pris en charge par Matoy et la région.
Propres maisons. Selon les règlements intérieurs, les migrants n’étaient autorisés à occuper le gîte d’étape que pour une durée d’une campagne. Par la suite, ces migrants étaient censés construire leurs propres maisons pour laisser le gîte d’étape à la vague suivante.
En début de 2016, les migrants de la première vague et une partie de la 2e vague, après avoir construit leurs maisons, ont fait venir leurs familles.
Distribution des parcelles. Le lotissement des parcelles a été confié aux jeunes de la commune de Mandrosonoro, après formation. Tandis que le comité d’accueil était en charge de distribuer par tirage au sort aux migrants des parcelles. Chaque migrant avait droit à 0,1ha de « tanety » pour les cultures et 25 ares de bas fond pour la riziculture. Par la suite Matoy et la région ont octroyé à chacun de ces nouveaux paysans 50 kg de semences d’arachide pour des terres préalablement labourées et pouvoir commencer dans de meilleures conditions la campagne, dans le respect du calendrier cultural. Jusqu’à ce jour 120 migrants ont été selectionnés et installés pour la première vague et 325 pour la deuxième vague et l’opération continue.
Témoignages. « Avec les terrains que j’ai acquis sur 50 ares, j’ai pu récolter 630 kg d’arachide dont j’ai vendu une partie et garder le reste pour la prochaine récolte » a dit Laza, un migrant.
Rasoanandrasana Odette, une migrante elle aussi, venue d’Ifanja dans la commune rurale d’Ambatomarina (à l’Est), de révéler qu’elle avait dû quitter son village natal pour rejoindre Maroanakomby, car les terres ancestrales ne suffisaient plus à faire vivre sa famille. Cette mère de famille (mère célibataire) habite actuellement sa propre maison à Maroanakomby et a fait venir ses enfants.
RN 35. Selon le chef de région d’Amoron’i Mania, la réhabilitation de la RN 35 qui relie Ambositra à la partie ouest est plus que primordiale pour préserver ces acquis.
CHAN-MOUIE Jean Anastase