Le régime Rajaonarimampianina a en face de lui des personnalités politiques et de la société civile qui dérangent, mais avec des objectifs différents.
Bien qu’il n’y ait pas d’opposition officielle qui devrait prendre les postes de 7e vice-président à l’Assemblée nationale et au Sénat, le régime Rajaonarimampianina a des adversaires politiques déclarés. En tête de liste figure l’ancien président de la transition Andry Rajoelina. Entre ce dernier et l’actuel président de la République, rien ne va plus au lendemain du deuxième tour des Présidentielles de 2013, lorsque le ministre des Finances de la transition devenu président a refusé d’appliquer l’article 54 de la Constitution en rejetant le premier ministre présenté par le Mapar. Actuellement, le silence d’Andry Rajoelina qui a choisi de s’installer à Paris avec sa famille est gênant pour le régime. Le régime associe toujours au nom d’Andry Rajoelina celui de l’opérateur économique Mamy Ravatomanga. Celui-ci avait joué sous la transition le rôle que joue sous l’ère Rajaonarimampianina l’autre opérateur économique multimilliardaire Mbola Rajaonah. Le « bailleur »Mamy Ravatomanga, comme on le qualifie toujours, fait l’objet de suspicions chaque fois qu’un acte de déstabilisation se produit. Tout dernièrement, son domicile a été perquisitionné après l’appel à la ville morte lancé par le sénateur Lylison René de Rolland.
« Mitsangana Ry Malagasy ». Les têtes pensantes de « Mitsangana Ry Malagasy » sont désormais des personnalités gênantes pour le régime en place depuis l’officialisation de cette plateforme d’opposition qui réclame la démission du président de la République Hery Rajaonarimampianina. A commencer par l’ancien premier ministre Omer Beriziky qui n’a pas mâché ses mots à Andrefan’Ambohijanahary contre l’actuel régime. Cet ancien diplomate envisage de se présenter aux prochaines présidentielles. Il y a aussi l’ancien vice-premier ministre Hajo Andrianainarivelo qui s’est déjà porté candidat à la magistrature suprême en 2013. Ce président national du parti MMM (Malagasy Miara-Miainga) vient de déclarer que le départ de Hery Rajaonarimampianina est la seule alternative à la situation actuelle. Sylvain Rabetsaroana figure également parmi les têtes pensantes de la plateforme « Mitsangana Ry Malagasy » qui dérangent le régime Rajaonarimampianina. Il vient de marteler dans nos colonnes que « le régime est complètement défaillant ». Parlant toujours de cette plateforme de l’opposition, on ne peut pas ignorer la députée d’Ambatofinandrahana Christine Razanamahasoa. En l’absence d’Andry Rajoelina, elle représente toujours le Mapar. Christine Razanamahasoa est surtout connue pour sa fidélité à la cause de l’ancien homme fort de la transition.
Discrétion totale. Après les Omer Beriziky, Hajo Andrianainarivelo, Sylvain Rabetsaroana et Christine Razanamahasoa, il y a aussi Camille Vital dans « Mitsangana Ry Malagasy ». L’ancien premier ministre n’était pas présent à Andrefan’Ambohijanahary lors de la présentation officielle de la plateforme, mais son parti « Hiaraka Isika » a signé la déclaration commune demandant au président de la République de démissionner. Camille Vital brille ces derniers temps par son silence, mais une chose est sûre : il se prépare aux présidentielles de 2018. Un autre silence inquiétant, c’est celui de l’autre ancien premier ministre Jean Ravelonarivo. D’après nos sources, cet officier général ne digère pas jusqu’à présent la façon dont on l’a évincé de la Primature. Ses proches laissent entendre que l’ancien premier ministre agit actuellement dans la discrétion totale en vue des élections présidentielles de 2018. Par ailleurs, le sénateur Lylison René de Rolland continue d’être dans le collimateur du régime. Etant toujours en cavale, l’ancien patron de la FIS fait toujours l’objet d’un mandat d’arrêt. Reste à savoir s’il est vraiment recherché.
Couple Ravalomanana. Ce couple reste la bête noire du régime. Marc Ravalomanana en tant que candidat potentiel aux prochaines Présidentielles et son épouse Lalao en tant que maire de la Capitale. Le Pouvoir en place essaie de maîtriser l’ambition politique de l’ancien président en contrôlant ses activités économiques. Tiko a jusqu’à présent du mal à relancer ses activités. Celles du AAA Magro (Behoririka) sont très limitées faute de fonds. Marc Ravalomanana espère vainement l’indemnisation suite aux événements du 26 janvier 2009. De l’autre côté, l’Etat n’entend pas lâcher prise en insistant que Tiko doit d’abord régler ses arriérés fiscaux qui s’élèvent jusqu’à 168 milliards d’ariary. Les sorts du couple sont liés à entendre le président du Conseil municipal de la commune urbaine d’Antananarivo Faustin Andriambahoaka qui, en défendant l’ingérence de Marc Ravalomanana dans la gestion des affaires de la Capitale, a déclaré qu’étant candidat en 2018, Marc Ravalomanana sera jugé à travers la performance de son épouse. Raison pour laquelle, le pouvoir central fait tout pour que Lalao Ravalomanana ne réussisse pas à relever le défi qu’elle a promis durant la campagne électorale : le redressement d’Antananarivo. Pour le régime, le succès de la femme ouvrirait la voie à celui de l’homme.
Syndicats et société civile. Il n’y a pas que les politiques qui dérangent le régime Rajaonarimampianina. Il y a aussi des dirigeants syndicaux, pour ne citer que celui du « Afo Sendikaly » Maharavo Ratolojanahary alias Doudou. Cet administrateur civil qui a reçu une formation MFM se trouve en ce moment sur tous les fronts. Maharavo Ratolojanahary qui fait partie des dirigeants du « Dinika ho Fanavotam-pirenena » est connu pour son franc-parler. Dans la société civile, Ndrato Razakamanarina, président du Conseil d’Administration de l’Alliance Voary Gasy (AVG), fait partie des personnalités gênantes pour le régime HVM. Cet acteur de la société civile ne rate aucune occasion pour dénoncer le trafic des ressources naturelles à Madagascar dont le fameux bois de rose. Toujours dans la société civile, le coordonnateur du SeFaFi (Sehatra Fanaraha-maso ny Fiainam-pirenena) Ralison Andriamandrato ne cesse de critiquer les mauvaises décisions du Pouvoir dans divers domaines. Le SeFaFi, qui a toujours joué son rôle d’observateur de la vie politique, continue d’ailleurs de publier des recueils sur ses thèses et analyses.
Détenteurs de secrets. Certaines personnalités sont gênantes du fait qu’elles seraient détenteurs de secrets dont la divulgation pourrait compromettre la crédibilité de certains dirigeants, à commencer par le président de la République. Elles étaient auparavant dans le sérail du régime, mais elles ont fini par être expulsées pour diverses raisons. Ces détenteurs de secrets ne sont pas nombreux. On peut citer Norbert Lala Ratsirahonanana. Recruté en tant que conseiller juridique par le président Hery Rajaonarimampianina au lendemain de son élection en 2014, le président national de l’AVI commence actuellement à prendre sa distance vis-à-vis du régime HVM. Il y a également le Dr Jules Etienne qui a retiré en 2013 sa candidature pour présenter avec Kolo Roger le candidat de substitution Hery Rajaonarimampianina. Nommé ministre de l’Industrie et du Développement du secteur privé dans le premier gouvernement de la Quatrième République, Jules Etienne a été limogé dans des conditions qui n’étaient pas claires et consensuelles. Comme cet ancien membre du gouvernement, Solofo Rasoarahona était auparavant dans le sérail en tant que conseiller spécial du président de la République. On lui reprochait de détenir la vérité sur certains « dossiers ». Par contre, le « Tangalamena » Zakariasy Patrick n’était ni ministre, ni conseiller spécial. Mais, il est gênant dans la mesure où cet originaire de Brickaville connaît beaucoup de choses sur les trafics illicites et les mauvaises gestions au Port de Toamasina.
R. Eugène