F.J, cet adolescent de 15 ans, a été parmi les victimes de l’attentat du 26 juin dernier à Mahamasina. Il a été à deux doigts de la mort mais la magie de la médecine l’a ramené à la vie. Depuis, il a essayé de comprendre la raison de cette atrocité et n’a pas hésité à nous livrer sa perception de la chose, un peu de deux mois après le malheureux événement. Témoignage de cet adolescent qui n’a plus de père et dont la mère est partie travailler au Liban.
Midi Madagasikara (M.M) : Qu’avez-vous retenu de cette soirée du 26 juin ?
F.J : J’étais avec mes deux copains placés juste devant l’estrade du podium. Tout se passait bien et nous étions sur le point de quitter le stade lorsqu’une forte explosion a secoué Mahamasina. L’un de mes amis a tout de suite perdu connaissance tandis que l’autre, gravement blessé et couvert de sang ne pouvait plus bouger. Les éclats de l’explosif ont atteint ma jambe et mon dos. La panique a été généralisée et tout le monde courait dans tous les sens. Je n’avais pas encore ressenti la douleur et j’avais encore eu la force de secourir mes amis à terre baignant dans leur sang, à terre.
M.M : Avez-vous une idée de ce que pouvait être l’auteur du crime ?
F.J : Ce fut le moment le plus atroce de ma vie. J’ai vu de mes propres yeux la bombe exploser devant l’estrade. Je confirme que j’ai vu une main qui a lancé la bombe vers la foule. Si ma mémoire ne me trompe pas, elle a été jetée depuis l’estrade. Je n’ai pas pu par contre apercevoir ni la personne ni les détails le concernant mais seulement la main mal intentionnée, qui a tout de suite lancé l’explosif vers la foule. L’individu se plaçait dans un coin en dehors du public et à mon avis, il avait eu le temps de bien cibler le trajectoire de la grenade afin qu’elle atteigne un rayon plus vaste et ainsi faire de nombreux victimes.
M.M : A ton avis, quelle serait l’intention du criminel ?
F.J : Terrorisme ou non, cet acte a été pérpetré pour des raisons pures et simples : semer le trouble et la terreur envers la population. Je trouve aussi que les spectateurs etaient les principales cibles et non les dirgeants. Pour preuve, c’était après que le Président de la Republique ait quitté les lieux que le terroriste est passé à l’acte. Ce qui me semble vraiment louche et hors du commun. Je partage aussi mes inquiétudes sur le fait que les enquêtes n’aboutissent pas jusqu’a maintenant. Cet attentat a été meurtrier, et nous avons vraiment vécu des douleurs et moments atroces, l’Etat est redevable d’arrêter et de nous faire connaître le ou les responsables. Imaginez que mes amis et moi étions venus pour fêter la commémoration de l’indépendance de Madagascar et en retour, deux de nous trois étaient contraints d’être hospitalisés et opérés. Je pense quand même qu’il est juste que nous réclamions que Justice soit faite sur cette affaire. Pour votre information, l’un de mes camarades suit encore des soins intensifs. Moi, j’arrive mal à me remettre dans la vie quotidienne tellement cet acte m’a affecté surtout psychologiquement…
recueillis par D.R
