Comme il fallait s’y attendre, la HCC a déclaré conforme à la constitution la loi portant code de la communication. Le monde de la presse va donc être régi par ce code remanié qu’il avait combattu avec opiniâtreté. Dorénavant, ses membres vont devoir réfléchir à deux fois avant de publier leurs informations.
La messe est dite
Plus personne ne se faisait d’illusion ces derniers temps. Le fait que le pouvoir laissait traîner les choses laissait présager que pour lui, la situation ne prêtait plus à équivoque : le passage du code de la communication pour contrôle de constitutionalité n’était qu’une formalité. Le juge constitutionnel n’a émis aucune réserve et ouvre la voie à l’application sans restriction des articles qui avaient fait tiquer le monde de la presse. En fait, l’unanimité constatée lors des premiers jours de contestation a très vite disparu et les divergences sur la conduite de cette lutte sont apparues. Cela a évidemment réjoui le pouvoir qui ne s’est pas privé d’ironiser sur l’attitude des leaders du mouvement pour la liberté d’expression. La presse soutenant le régime a enfoncé le clou, en vantant les bienfaits du code. A présent que la messe est dite, il va falloir se plier à ce code. Les journalistes ne vont plus pouvoir dénoncer les abus ou malversations des personnes proches du pouvoir sous peine d’être poursuivis pour diffamation. Ils ne pourront plus interpeller de manière péremptoire les institutions. Il leur faudra parler à mots couverts des scandales qui pourraient éclabousser le régime. On ne retournera pas à la période noire de la censure où tous les articles étaient présentés aux membres d’un service spécialisé du ministère de l’Intérieur. Le couperet tombait avant la fin de l’après-midi, annonçant quels sujets avaient été censurés. A présent, les journaux vont devoir procéder à l’autocensure. Ce sont de nouvelles habitudes qui vont devoir s’installer.
Patrice RABE