Après avoir discuté avec l’Union Européenne à Ankorondrano, Marc Ravalomanana a été accueilli par un parterre de journalistes.
Une fois de plus, Marc Ravalomanana n’est pas passé inaperçu hier à sa sortie de la Tour Zital à Ankorondrano où il s’est entretenu durant la matinée avec l’Union Européenne. Effectivement, après avoir échangé quelques phrases avec cette dernière, l’ancien chef de l’Etat a répondu aux questions des journalistes qui l’ont attendu.
Confiance. La situation politique à Madagascar n’échappe pas aux commentaires souvent secs de l’ancien chef de l’Etat. Son entretien avec l’Union Européenne a pris une couleur politique. En effet, d’après ses dires, l’environnement politique à Madagascar empêche toute avancée et toute tentative de collaboration entre les acteurs. Pour cela, Marc Ravalomanana met en avant la confiance. « Il faudrait mettre sur pied la confiance non seulement entre les dirigeants et les vahoaka, entre les politiciens mais aussi et surtout la confiance entre les bailleurs de fonds et l’Etat ». Dans cette même optique, l’ancien chef de l’Etat soutient « le processus démocratique », donc rejette les divers mouvements sporadiques réclamant l’éviction de Hery Rajaonarimampianina. Au contraire, il invite les forces vives à discuter. « L’on assiste actuellement à un dialogue de sourd-muet. Tout le monde s’accorde à émettre son avis mais personne ne veut entamer le dialogue », a-t-il déclaré.
« Ni…ni ». A travers ses interventions médiatiques, l’on peut remarquer que Marc Ravalomanana continue de jouer le double langage. Certainement afin de ne pas remettre en cause sa collaboration avec le régime Rajaonarimampianina. Faut-il rappeler que dès son retour d’exil au mois d’octobre 2014, « Dada » a déjà déclaré qu’il n’envisage pas d’attendre 2018. Pourtant hier, il a changé de langage, à propos notamment de la proposition des leaders de l’opposition qui réclament des élections présidentielles anticipées. Selon ses dires, « l’organisation des élections anticipées doit se décider par voie référendaire ou par l’accord unanime des politiciens ». « Légaliste » comme toujours, Ravalomanana appelle la Communauté Internationale à prendre ses responsabilités vis-à-vis des élections futures. D’ailleurs, il ne s’est pas défendu d’accuser la Communauté internationale d’être l’auteur du « ni…ni » lors des présidentielles de 2013. « J’invite la Communauté Internationale à prendre ses responsabilités quant à la tenue d’élections libres, transparentes et crédibles », a-t-il annoncé hier. Marc Ravalomanana a aussi rappelé que Madagascar ne doit pas écarter le PNUD ou Programme des Nations-Unies pour le Développement si les Malgaches veulent véritablement avancer. La question est de savoir qui va financer ce référendum proposé par l’ancien président. Nul n’ignore qu’un référendum nécessite un budget colossal, tout comme l’organisation d’élections anticipées.
Magro. Interrogé sur l’affaire Magro Ankorondrano, Ravalomanana a fait part de son inquiétude sur la sécurité de ses biens. Touché par ce qui en reste, il a utilisé un ton ferme et catégorique : « Je suivrai de près cette affaire car d’après la Feuille de Route dont je suis signataire, les victimes des évènements politiques entre 2002 et 2009 doivent être indemnisées. Par cet accord politique, la décision du tribunal devrait être annulée ». En effet, les vols commis sur les lieux lui ont été signalés et il tenait à le constater par lui-même. « On m’a averti que des voleurs dérobent les structures métalliques de Magro Ankorondrano et que cela a lieu pendant la nuit. Je suis venu constater cela. J’invite la Chambre de Commerce à prendre ses responsabilités car c’est elle qui a fait le scellage de ce site or des vols ont eu lieu», a-t-il affirmé.
Aina Bovel
