C’est un événement. Le gouvernement l’a considéré comme tel, puisqu’il a en conseil, avant-hier, décrété que les employés et les étudiants pourront rentrer chez eux à partir de 10H30 pour pouvoir profiter pleinement de ce spectacle exceptionnel. La journée d’aujourd’hui n’est pas fériée, mais cela y ressemble quand même, car on voit mal tous ces gens reprendre leurs activités après.
A événement exceptionnel, décision exceptionnelle
La décision prise est peu banale. Elle s’apparente même à une demi mesure, car les autorités savent très bien que, même si elles n’en avaient pas fait l’annonce, les activités seraient partout ralenties. Le million de personnes qui ont acheté des lunettes pour l’éclipse feront tout pour voir ce spectacle rare d’une éclipse. Vaquer à leurs occupations habituelles sur leur lieu de travail ne sera bien sûr plus leur priorité. Gageons que certains partiront bien avant l’heure fixée pour se préparer au mieux à cet événement. La capitale ne sera pas dans la pénombre pendant ces trois heures d’éclipse, le ciel s’assombrira, mais la lueur du jour sera bel et bien là. La curiosité poussera ceux qui se sont procurés les précieuses lunettes à les chausser et à suivre cette interposition de la lune entre la terre et le soleil. Cela se fera lentement, donc il faudra de la patience et de la passion pour rester jusqu’au bout. Les passionnés en question forment une importante minorité de la population malgache et ils font partie d’une des franges les plus actives de la société. On ne pourra pas chiffrer précisément la portée économique du phénomène, mais on sait d’ores et déjà que les importateurs de ces lunettes sont largement rentrés dans leurs frais et ont même fait de gros bénéfices. Les secteurs qui auront tourné au ralenti durant cette journée vont pâtir de cette situation. Les administrations vont être désertées, les commerces ne vont pas avoir leur fréquentation habituelle. L’éclipse annulaire solaire est un événement rare qui se produit au même endroit une ou deux fois par siècle. Le gouvernement l’a bien compris et il a pris les mesures en conséquence.
Patrice RABE