Primé aux RFC 2015 dans la catégorie clip, avec « Dizna » de Angaroa, outre les autres prix et récompenses qu’il a gagnés à travers ses années de carrière, Rado Andriamanisa se démarque et place la barre très haute en matière de réalisation. Avec comme seule matière, la créativité.
Lorsque la créativité et la compétence se conjuguent à tous les temps, le résultat est bon, c’est garanti. Les artifices et les matériels, même les plus performants et les plus coûteux, n’y feront rien. Cette preuve par 3, Rado Andriamanisa, réalisateur, cadreur, chanteur et dessinateur le démontre à travers ses œuvres. Sa particularité, utiliser les images comme matière, et commencer par le scénario. Les plans servent ensuite à raconter l’histoire. Depuis près d’une vingtaine d’années maintenant que Rado Andriamanisa réalise des clips pour les artistes les plus cotés, Rado a filmé des centaines d’heures de rush. Une sélection de ses réalisations mérite une standing ovation.
- « Tsy fantatro » de Olo Blaky. Le clip est disponible sur youtube, sur facebook car très partagé sur les réseaux sociaux, et sur la chaîne youtube de Rado Andriamanisa. Si le clip parodie quelques scènes de vie, entre deux chorégraphies, le génie réside dans la réalisation, mais aussi dans le montage puisque tout revient en arrière, alors que Naty Kaly, chanteur du groupe, prononce normalement les paroles de sa chanson. « J’ai vu cela dans un clip américain, j’ai pris le temps d’apprendre, j’ai essayé de persévérer tous les jours, et voilà le résultat» explique Rado Andriamanisa. « Je pense qu’il ne faut pas se contenter de dire qu’il n’y a pas d’école pour apprendre. De nos jours, nous avons l’opportunité d’apprendre de tout, d’internet et des tutorials. Alors il faut en profiter » dit-il.
- « Feo Roa » de Fanja Andriamanantena. La chanson, interprétée par le duo Lalie et Nanie, a marqué les mélomanes. Le clip s’est également démarqué du lot. Pas de drone, ni de rail ou de grue, il n’en faut pas plus à Rado pour faire éclore des œuvres d’art. Le jeu d’ombre et de lumière donne de l’émotion au clip, mais c’est surtout dans le montage, une fois encore, que le génie de l’artiste s’exprime. Les interprètes tiennent un cadre photo qu’ils se passent entre eux, où le vide se remplit d’images, de portrait. Un clin d’œil à ce portraitiste qui dépeint ses modèles sur papier et en vidéo.
- « Izy » de Christelle Ratri est l’un des derniers clips que Rado Andriamanisa a réalisé. En plan séquence du début jusqu’à la fin, le clip sillonne les ruelles d’Anosy. Aucun faux mouvement, un cadrage parfait du début à la fin, et un timing à la seconde près. « J’ai écouté la chanson, j’ai chronométré, j’ai fait moi-même le trajet avant de placer les personnages. Durant le repérage, les gens devaient me prendre pour un fou (rires). Mais il le fallait car c’est un plan séquence, on n’a pas droit à l’erreur» dit-il.
C’est cette recherche de la perfection, au détail près qui fait la qualité de Rado. Et ceux qui ont travaillé avec lui peuvent le confirmer.
Anjara Rasoanaivo