L’irresponsabilité de l’Etat malgache face au passage de l’éclipse annulaire continue à faire couler beaucoup d’encre. En effet, outre la vente et la distribution tardive des lunettes spéciales, l’Etat – à travers le Ministère de la Santé – a été fustigé quant à une mesure prise par celui-ci lors du Conseil de Gouvernement en date du 30 août dernier. A titre de rappel, ce ministère a émis une communication verbale disposant que « les travailleurs et les élèves sont libérés une heure avant le passage de l’éclipse, soit à 10h40 ». Justement, certains employeurs ont refusé de libérer les employés à l’heure indiquée. Et pour cause, une communication verbale n’a pas, estiment-ils, force exécutoire. Face à cet imbroglio juridique, Imbiki Anaclet, ancien ministre de la Justice et juriste de renom, a apporté quelques précisions. « Un communiqué est un moyen d’information destiné au public et qui peut être diffusé dans les médias », a-t-il affirmé. Et lui de poursuivre qu’ « un communiqué peut faire état de l’existence d’un décret ou d’un arrêté, mais il n’a pas une valeur juridique car n’étant pas en soi une norme juridique », a-t-il confié. L’ancien ministre de la Justice apporte des explications supplémentaires. « Un décret est une norme juridique ayant une force exécutoire. Il est soumis à la hiérarchie des normes et annulable devant le Conseil d’Etat ». Des éclaircissements que les autorités étatiques devraient connaître. De ce fait, l’Exécutif aurait dû prendre un décret pour obliger les employeurs à libérer les travailleurs à 10h40. D’ailleurs, sur le plan juridique, les décrets peuvent être pris soit par le chef de l’Etat soit par le Premier Ministre. Dans ce dernier cas, les ministres concernés peuvent apporter leur contreseing.
Immaturité. Certains employés ont incriminé l’agissement des employeurs ayant refusé de se soumettre à la communication verbale. En fait, ce n’est pas que ces derniers ne s’y sont pas conformés, mais c’est véritablement cette dernière qui n’a aucune force contraignante comme les normes. En d’autres termes, sortir les employés à 10h40 était une faculté pour ces employeurs. D’après Masimana Manantsoa, ancien ministre de l’Intérieur, « c’est l’Etat qui doit encaisser tous les reproches, car il a fait preuve d’immaturité ».
Aina Bovel