La violation flagrante de la Constitution constitue un motif de destitution du Président de la République, d’après la loi fondamentale de la Quatrième République. Pourtant, et ce pour la enième fois, le chef de l’Etat, Hery Rajaonarimampianina, viole une disposition constitutionnelle.
Etat de non-droit. En effet, d’après l’article 2 de la Constitution, il est prévu que « la laïcité de la République repose sur le principe de la séparation des affaires de l’État et des institutions religieuses et de leurs représentants » et que « l’Etat et les institutions religieuses s’interdisent toute immixtion dans leurs domaines respectifs ». Dimanche dernier, le chef de l’Etat étaIt présent au 22e synode de la FLM ou église luthérienne de Madagascar à Antsirabe. Notons que ce synode a commencé le 5 septembre et se terminera le 14 septembre à l’issue duquel le nouveau bureau de la FLM sera élu. Lors de sa visite, Hery Rajaonarimampianina a offert deux motocyclettes et une somme de 4 millions d’Ariary pour aider ladite église luthérienne. Il s’agit purement et simplement d’une violation flagrante de la laïcité de l’Etat dans la mesure où ce principe veut qu’il y ait séparation entre l’Etat et l’Eglise. Faut-il préciser qu’à Madagascar, la laïcité de l’Etat souffre d’un vide juridique et que, de ce fait, la loi française pourrait combler les lacunes? Aussi est-il prévu dans l’article 2 de la loi française de 1905 relative à la séparation de l’Etat et de l’Eglise, que « La République ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte ». Hery Rajaonarimampianina se permet, en vertu de quel pouvoir, de donner cette somme à la FLM ? En tout cas, force est de constater que la course à la conquête de l’Eglise serait devenue le modus operandi le plus efficace pour les politiciens. Ravalomanana qui fait bonne figure auprès des catholiques, Hery Rajaonarimampianina qui s’implique dans les élections des présidents des églises protestantes et luthériennes, et Rajoelina qui reviendra bientôt, paraît-il, avec on ne sait quel nouveau « tic-tac ». Bref, l’Etat de droit tant claironné par Hery Rajaonarimampianina n’est même pas en gestation…
Aina Bovel