
L’ultimatum de six jours lancé contre le régime a pris fin mercredi soir, l’association Vona a donc décidé de passer à l’acte.
« La lutte continue et ne prendra fin que lorsque les Chinois quittent Soamahamanina ». C’est ce qu’a déclaré hier Tsihoarana Andrianony, un des leaders de l’association Vona Soamahamanina. Une manière d’afficher la détermination des habitants de cette localité qui contestent l’exploitation aurifère opérée par la Société chinoise Jiuxing Mines. L’ultimatum de six jours que les manifestants ont lancé à l’encontre du régime pour réclamer le départ des opérateurs chinois ayant pris fin mercredi soir, la population locale a donc décidé de passer à l’acte. Les contestataires se sont donné rendez-vous devant le bureau de la Commune vers 10h. Une foule immense a participé au « Diabe » qui a débuté devant la Mairie jusqu’au pont d’Ikalariana qui se trouve à quelques kilomètres de l’entrée de Soamahamanina, en passant par le marché local. Stoppés dans leur élan par des éléments des forces de l’ordre qui ont investi Soamahamanina tôt le matin, ils ont érigé un barrage. La route nationale numéro 1 a été coupée pendant un long moment. Face à cette situation, l’Emmoreg dirigé par le Général Florens Rakotomahanina a décidé d’intervenir pour libérer la circulation. Des violents affrontements ont eu lieu entre les habitants de Soamahamanina et les forces de l’ordre.
Jets de pierres. Face à la détermination des manifestants qui ont refusé de faire machine arrière, l’Emmoreg a opté pour la manière forte. Des grenades lacrymogènes ont été lancées contre les manifestants. En retour, ces derniers ont riposté par des jets de pierres. Les leaders de l’association Vona Soamahamanina évoquent l’existence de casseurs ayant infiltré leur mouvement. Ce serait donc ces casseurs qui ont caillassé les forces de l’ordre. Face aux violences, l’Emmoreg a lancé des courses poursuites contre les auteurs des jets de pierres. Malgré les gaz lacrymogènes, les habitants de Soamahamanina n’ont pas reculé. Ils ont tenu tête aux forces de l’ordre pendant un long moment. Les affrontements d’hier se sont soldés par un blessé et une arrestation. En effet, une mère de famille a été blessée au visage par une déflagration d’une grenade lacrymogène. Pour sa part, l’individu arrêté durant le « sakoroka » a pu prendre la fuite. Des manifestants ont ensuite mis le feu sur les buissons longeant la route nationale. Le calme n’est revenu du côté de Soamahamanina que vers 13 heures.
Accord. Pour leur part, les leaders de l’association Vona affirment que la lutte va continuer. Une nouvelle manifestation sera organisée jeudi prochain. Pour le moment et ce, malgré la tension énorme qu’engendre cette affaire, les tenants du régime continuent de faire la sourde oreille, refusant de prendre en considération les revendications des habitants. Bon nombre d’observateurs se posent des questions sur les tenants et aboutissants de l’accord signé entre le régime Rajaonarimampianina et la Société chinoise Jiuxing Mines pour que les autorités défendent coûte que coûte les intérêts des opérateurs chinois. Et ce, malgré l’intensité du mouvement de contestation. Quoi qu’il en soit, cette affaire risque de faire tache d’huile. Les habitants de Soamahamanina seront présents à la manif du mouvement « Malagasy Mivondrona ho an’ny Fanorenana » qui aura lieu demain au gymnase couvert de Mahamasina. Histoire à suivre.
Davis R