
Une rencontre régionale annonciatrice d’un avenir meilleur pour l’économie malgache. C’est ainsi que les tenants du pouvoir qualifient le Sommet du COMESA qui se déroule actuellement à Madagascar.
Pour Holijaona Raboanarijaona, Président d’Emergence Madagascar, l’appartenance au Marché Commun de l’Afrique Orientale et Australe n’est pas forcément une bonne chose. En termes statistiques, le COMESA axé principalement sur les accords de libre-échange, commerciaux et douaniers entre les 19 Etats-Membres, représente virtuellement l’accès à un marché régional de 500 millions de consommateurs. Le volume d’exportations vers le reste du monde sur l’année 2013 est estimé à 120 milliards USD et le PIB total y est de 600 milliards USD, avec une croissance économique moyenne : de 3.2 % pour la région.
Perdant.Malgré ces chiffres apparemment flatteurs, Holijaona Raboanarijaona met en garde contre tout excès de zèle et prône la tempérance. « Si les responsables ne font pas attention, le pays pourrait en sortir perdant » affirme Holijaona Raboanarijaona qui se base notamment sur le fait que Le COMESA regroupe des PMA en situation d’extrême pauvreté tels que le Malawi et le Burundi et quelques pays dont le Kenya et la Libye qui sont en dehors des PMA mais qui accusent tout de même un PIB par habitant faible. « Quelques pays comme le Rwanda et l’Ethiopie sortent du lot puisqu’ils sont en phase de démarrage de leur émergence, mais dans l’ensemble le COMESA regroupe encore pour la plupart des pays pauvres en Afrique et l’accès à ce marché encore à faible pouvoir d’achat n’apportera pas grand-chose au pays ».
Pas d’industries . Par ailleurs, les Etats Membres du COMESA étant eux-mêmes producteurs de matières premières, ils n’ont effectivement que peu d’intérêt à s’approvisionner chez nous. « Si les avantages relatifs au statut d’Etat membre sont indéniables, Madagascar ne dispose pas d’industries de transformation suffisantes pour que des produits à forte valeur ajoutée puissent conquérir les marchés de ce type. En revanche, le cas contraire est probable car en vertu de l’accord tripartite, certains pays africains ayant une base industrielle plus développée comme l’Afrique du Sud pourraient voir en Madagascar un marché potentiel ouvert. C’est un point important car en tout état de cause, cela accentuera encore plus le déficit de notre balance commerciale avec des répercussions logiques sur la dévaluation et la valeur de l’Ariary» En somme, il estime que Madagascar n’est pas encore prêt à conquérir les marchés au vu de son industrie encore trop faible.
ASEAN. Raison pour laquelle, d’ailleurs, Holijaona Raboanarijaona croit que le régime actuel aurait dû opter au préalable pour un changement radical et une refondation de nos alliances avec les divers blocs régionaux. « Ce qu’il faut comprendre, c’est que les Malgaches ne sont pas seulement d’origine africaine mais a aussi une culture asiatique particulièrement austronésienne qui peut ouvrir la voie à une alliance naturelle avec le bloc des pays de l’Association des Nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), tous austronésiens aussi. A mon avis, Madagascar devrait intégrer ce bloc qui dispose d’un PIB total de 2400 milliards USD soit quatre fois plus que le PIB total du COMESA. .
Recueillis par R.Edmond.