Les chefs Fokontany sont à la fois des élus et des personnes désignées. Un système bâtard qui risque d’écorner leur légitimité et partant, leur autorité au niveau du fokonolona qui est, selon la Constitution, « la base du développement et de la cohésion socioculturelle et environnementale ».
Hold-up électoral
La même Constitution dispose que « la souveraineté appartient au peuple, source de tout pouvoir, qui l’exerce par ses représentants élus au suffrage universel direct ou indirect, ou par la voie du référendum. Aucune fraction du peuple, ni aucun individu ne peut s’attribuer l’exercice de la souveraineté ». Force est de constater que ces dispositions de la loi fondamentale ne sont pas tout à fait respectées par le décret fixant l’organisation, le fonctionnement et les attributions du Fokontany qui prévoit que « le chef Fokontany et son adjoint sont désignés par arrêté du chef de district à l’issue de leur élection séparée, à la majorité absolue par les membres du Fokontany âgés de 18 ans et plus, réunis spécialement à cet effet en assemblée générale sur convocation du chef de district ». En fait, les membres du fokonolona élisent 5 personnes dont les noms sont ensuite soumis au chef de district qui désigne notamment le chef Fokontany, sans que ce dernier soit forcément le …premier en termes de nombre de voix obtenues. Au cas où le chef de district ne venait pas à désigner le candidat arrivé en tête, ce serait un hold-up électoral par rapport au fokonolona qui avait voté à la majorité pour lui lors de l’assemblée générale. Bon nombre d’analystes subodorent derrière ce pouvoir de désignation accordé au représentant de l’Etat, un calcul électoral voire électoraliste. Et ce, dans la perspective de la présidentielle de 2018 pour laquelle le régime en place pour ne pas dire le parti au pouvoir est en quête d’une base. En témoigne ce qui s’est passé hier à Mahajanga I où les élections sont à refaire dans 7 Fokontany sur 26. Pour les partisans du Mapar et du Tim, ce « deuxième tour » est un moyen de donner une seconde chance aux candidats d’obédience HVM.
R. O