
Midi: En tant qu’ancien diplomate et professeur de sociologie politique, vos commentaires sur le Sommet du Comesa qui s’est tenu à Antananarivo.
André Rasolo: « Un Sommet qui a provoqué aussi bien une agitation fébrile du pouvoir qu’une indifférence générale de la population. Il faut dire que depuis l’Indépendance, la Grande Ile s’est considérée comme une Ile-Continent. Elle n’avait pas un sentiment profond d’appartenance à l’Afrique. Madagascar a préféré tisser des liens avec l’Europe et les USA qu’avec l’Afrique. C’est à partir de la résolution de la crise malgache de 2009 que le peuple malgache commençait à connaître cet Organe sous-régional devenu une porte ouverte à l’Afrique. La Communauté économique du COMESA reste un espace pas suffisamment connu non seulement sur le plan relation commerciale, mais aussi sur le plan relation internationale ».
Midi: D’un côté, campement de l’opposition dans la contestation, de l’autre discours du pouvoir de relancer le développement. Qu’en pensez-vous?
AR: « Madagascar ne peut pas se lancer réellement dans le développement tant qu’il n’y a pas un apaisement et une reconnaissance de l’Etat de droit. Que le pouvoir ait en face de lui des mouvements d’opposition, cela me paraît normal dans une démocratie. Mais quand le pouvoir et l’opposition n’arrivent pas à trouver un consensus pour régler leurs conflits, cette impuissance m’inquiète. Rien n’est facile. Evitons que la situation se dégrade. Madagascar ne mérite pas ça. La « réconciliation communautaire » conçue par le Comité d’Experts pourrait offrir une opportunité aux deux forces en conflit, mais surtout démarrer un processus de la guérison du mal malgache, ce que d’autres appellent changement ou refondation ».
Propos recueillis par Davis R.