Après avoir refusé une liberté provisoire pour les cinq personnes inculpées, le tribunal de Première Instance d’Antananarivo prononcera demain son verdict.
Le procès Soamahamanina a finalement eu lieu au tribunal d’Antananarivo. Ce serait suite à l’interpellation du rapporteur spécial des Nations Unies sur les Droits de l’Homme et l’Environnement John Knox. En effet, Robson Pierre, Andrianony Tsihoarana, Andriaendrikiniarivo Fenohasina, Andriarajoniaina Tona Guillaume et Ranaivoarivelo Augustin ont comparu hier devant les juges pour répondre aux chefs d’inculpation retenus contre eux dont atteinte à la sûreté intérieure de l’Etat, tenue d’une manifestation ans autorisation, destruction de biens publics, rébellion et coups et blessures volontaires. Le procès a duré plusieurs heures. Ayant prononcé à l’audience le nom « apaisement », le verdict est attendu demain. « Si les cinq personnes que nous défendons sont condamnées par la justice, même à des peines de sursis, le verdict n’est pas prononcé au nom de l’apaisement. Et nous interjetterons appel. », a déclaré hier Me Willy Razafinjatovo alias Olala.
Liberté provisoire. Après le procès, les cinq personnes arrêtées et inculpées dans l’affaire Soamahamanina ont été reconduites hier même à la prison d’Antanimora. Avant le retrait des juges, les avocats des inculpés ont demandé une liberté provisoire pour leurs clients, mais la demande a été refusée. « Pour nous, aucun des chefs d’inculpations retenus par ces « patriotes » de Soamahamanina n’est fondé. Ces gens ne sont pas des criminels. Ils n’ont fait que défendre leur terre face à l’exploitation injuste des ressources sous-terraines de leur patrie. », a martelé Me Willy Razafindratovo. A rappeler que cela fait un mois que Robson Pierre et Tsihoarana Andrianony, deux leaders du mouvement « Vona Soamahamanina », sont incarcérés à Antanimora. Quant aux trois autres, ils ont été arrêtés dans des conditions qui bafouent complètement la liberté d’expression et d’opinion.
Interpellations. Avant le procès d’hier, l’affaire Soamahamanina a interpellé bon nombre d’organisations internationales et de la société civile agissant dans la lutte pour le respect des droits de l’Homme. Les Nations Unies, à travers son rapporteur spécial John Knox, a été même interpellé sur la question lors des différentes rencontres qu’il a eues durant son séjour à Madagascar. De nombreuses organisations ont dénoncé la lenteur dans la gestion judiciaire de l’affaire Soamahamanina. A rappeler que la population de Soamahamanina a toujours protesté contre l’exploitation aurifère effectuée par la société chinoise Jiuxing Mines. Cette population a réclamé l’arrêt de l’exploitation et le départ définitif des chinois. Une partie seulement de ces doléances est actuellement exaucée. La société Jiuxing Mines resterait toujours titulaire d’un permis d’exploitation qui lui permet d’extraire l’or de Soamahamanina pendant 40 ans.
R.Eugène
