Etait-ce un véritable attentat ou un événement monté de toutes pièces pour attirer l’attention de l’opinion publique sur le Sommet de la Francophonie ? Les observateurs se perdent en conjectures sur sa réelle importance, mais qu’ils y croient ou non. Ils s’accordent à ne pas en exagérer la portée à quelques jours de l’ouverture de cette grande réunion internationale.
Un retour au pays qui gêne le pouvoir
En parcourant la presse d’hier, on constate une certaine prudence des commentateurs sur cette explosion qui a endommagé le complexe hôtelier A&C. La plupart se contentent de relater les faits. Un quotidien se distingue en se demandant s’il ne s’agit pas de cinéma. Un autre proche du régime établit une certaine relation avec l’arrivée hier d’Andry Rajoelina au pays. L’un de ses chroniqueurs n’hésite pas à accuser ce dernier d’être rentré pour perturber le déroulement du Sommet de la Francophonie. La réponse la plus censée sur cet événement est celle de la secrétaire générale de la francophonie, Mickaëlle Jean : « Laissons les enquêteurs faire leur travail. Il n’y a aucune crainte à avoir pour l’instant ». Le retour d’Andry Rajoelina presque en catimini amène cependant les observateurs à se poser la question sur l’objectif de l’ancien président de la transition. C’est un fait qu’il a été longtemps absent de la scène politique malgache et que ses partisans n’ont pas eu beaucoup de prise sur les événements qui se sont déroulés depuis. On lui prête l’intention de faire une tournée en province . En intervenant directement dans le débat, il va pouvoir mesurer son audience auprès de la population. Sera-t-il plus écouté que les membres d’une opposition n’ayant jusqu’à présent pas réussi à emporter l’adhésion de citoyens désabusés ? Les thèmes mobilisateurs sont nombreux et il ne va certainement pas se priver d’exploiter tous les sujets de mécontentement contre le régime. Après sa longue absence, il a besoin d’occuper le terrain. Le pouvoir ne s’y est pas trompé et l’article au vitriol paru dans un journal de la place est une première réponse.
Patrice RABE