Le football féminin fait son entrée dans les mœurs des Malgaches avec la multiplication des clubs disséminés dans les quatre coins de l’île. Une bien bonne chose en fait, car cela permet de revaloriser la profession même si pour l’instant les clubs de la Capitale ont une longueur d’avance.
Logique car ils sont nés bien avant le début des championnats nationaux en 2010 en prenant part à des compétitions bâtardes faute d’une structure légale et assez souvent en composant avec les garçons comme cela avait été le cas de l’une des meilleures joueuses actuelles, la petite Christinah du club MIFA dont le talent est inversement proportionnel à sa taille.
Mais les joueuses des provinces ne sont plus loin à l’image du FC Dallas de Nosy-Be qui a montré un jeu séduisant hormis peut-être cette troisième place à oublier de 6 à 0 contre l’ASOT où Joëline Rima et ses camarades n’avaient plus du cœur à l’ouvrage.

Un double handicap taille et encadrement, selon la présidente Patricia Rajeriarison
La présidente de la Commission du Football féminin au sein de la Fédération Malgache de Football, Patricia Rajeriarison, reste résolument optimiste pour le football féminin à Madagascar. La star de « Questions pour un champion », fait un bilan sans fard de son département au cours d’une interview exclusive.
Midi Madagasikara : Au lendemain de la 7e édition d’un championnat de Madagascar seniors dames, qu’est-ce qui a été fait et qu’est-ce qui reste à faire ?
Patricia Rajeriarison : « Depuis 2009 où j’ai pris les commandes du football féminin avant d’intégrer, une année plus tard, le comité exécutif de la FMF, beaucoup de choses ont été faites. Il a d’abord fallu se mettre dans les rangs pour honorer les qualifications de la Coupe du Monde 2010 avec les résultats qu’on connaît. Passé ce cap, nous avons mis l’accent sur les compétitions nationales seniors qui restent d’ailleurs nos priorités. Mais nous allons étaler ce programme à toutes les tranches d’âge notamment les moins de 17 ans pour les jeux de la CJSOI comme on l’avait fait en 2014, mais aussi cette année avec la médaille d’or en prime.
Mais dès l’année prochaine et pour un meilleur suivi, nous allons aussi inclure les moins de 20 ans. Bref, on aura un programme pour le long terme qui, Dieu merci, bénéficie du soutien de la FIFA. »
Midi : Qu’est ce qui manque au football féminin malgache pour vraiment décoller ?
P.R. : « De tous temps, le football féminin comme le football à Madagascar en général souffre de l’handicap taille. Un double handicap en fait si on y ajoute aussi cette défaillance de l’encadrement. Les jeunes qui arrivent ont pourtant la volonté, mais l’encadrement, malgré tous nos efforts, reste inconstant. Un travail de titan en somme, mais avec l’équipe que j’ai et que je remercie, je suis confiante que Madagascar peut un jour rivaliser avec les grandes nations africaines. »

Prisca, la fierté du Vakinankaratra !
Mine de rien, mais un ou une joueuse qui fait son entrée dans une équipe nationale est perçue comme un grand événement pour une Région entière. C’est le cas de Prisca Ranaivomanantsoa du PRESCOI d’Antsirabe après qu’elle fait partie de l’équipe malgache médaillée des Jeux de la Commission de la Jeunesse et des Sports de l’Océan Indien 2016.
« C’est la fierté du Vakinankaratra », disait d’elle le président de la Ligue locale, José Rakotoasimbola. Prisca, elle, n’a pas pour autant la grosse tête, car elle sait que beaucoup reste à faire pour espérer intégrer un club professionnel. Pour l’instant, elle peaufine son jeu où elle évolue au poste de latéral gauche. Comme elle a juste 16 ans et six années de pratique, elle estime qu’elle est encore perfectible notamment sur les coups de pied arrêtés dont elle est l’une des spécialistes.
Ses mensurations, 1m 57 pour 51 kg, l’autorisent à voir un avenir meilleur au football.
Les champions
Quatre clubs se sont succédé au titre de champion de Madagascar seniors pour les seniors dames et ce depuis la création d’un championnat national en 2010.
Un bilan qui met en avant la part importante des équipes d’Analamanga qui se taille la part du lion mais la commission football de la Fédération Malgache est aussi à féliciter en décentralisant l’organisation car après Tana, Fianar et cette année Mahajanga ont hébergé cet événement.
Voici la liste des champions de Madagascar
2010 : MIFA Analamanga
2011 : MIFA Analamanga
2012 : SOM Boeny
2013 : ASOT Analamanga
2014 : SabNam Analamanga
2015 : SabNam Analamanga
2016 : SabNam Analamanga
Franck Rajaonarisamba : « Du chemin à faire… »
A la question de savoir si une joueuse malgache a sa place dans un club européen, Franck Rajaonarisamba de la Direction Technique Nationale n’y va pas par quatre chemins pour dire que Christinah est trop petite et que le physique de Sophie est insuffisant pour faire partie d’un grand club en France. Il ne désespère pas pour autant pour le football féminin à Madagascar qui a encore du chemin à faire, mais qui possède un vivier exceptionnel avec l’arrivée des 16 et 18 ans.
Christinah Razanampiavy, un sacré phénomène
A 20 ans, Christinah Razanampiavy, la capitaine du MIFA, finaliste du dernier championnat de Madagascar, ne cesse d’étonner son entourage.
En marquant 13 des 18 buts de son équipe contre une formation majungaise, elle est peut-être entrée dans la légende pour une performance digne du Guiness Book.
Celle qui a été élue meilleure joueuse aux Comores lors des Jeux des CJSOI en 2012, ne cesse de monter dans la hiérarchie. Ce milieu gauche constitue un danger pour ses adversaires grâce à des dribbles chaloupés ponctués par un puissant tir du gauche.
Andoniaina Rasamison, un pilier de l’ASOT
Dotée d’un bon gabarit du haut de son 1m70, Andoniaina Rasamison est un pion essentiel de l’ASOT où sa puissance fait des ravages dans l’entre jeu où elle est le plus à l’aise, car elle a besoin d’espace pour montrer toute l’étendue de son talent.
Cette élève de la Seconde du Lycée Zohasina d’Anosizato est venue très tôt au football avec un début à six ans. Sa passion pour le football est telle qu’elle a arrive à programmer entre ses études trois séances d’entraînement par semaine avec au bout, un rêve, partir dans un club professionnel.
Joëline Rima, l’exemple à suivre de Nosy-Be
Discrète mais efficace, Joëline Rima du FC Dallas de Nosy-Be, n’a pas pu donner le meilleur d’elle-même au sommet national de Mahajanga en étant handicapée par une allergie aux fruits de mer. Mais elle a tout de même tenue à jouer au grand bonheur de ses amies qui s’en réjouissent tant elle est indispensable pour toute l’équipe avec son jeu tout en finesse et une incroyable vista qui fait d’elle une des meilleures passeuses décisives. A 18 ans, elle a encore de la marge pour devenir un exemple à suivre des Nosybéennes.
Bao Rinah Raharimalala, la buteuse de service
Milieu gauche de MIFA, Rinah Raharimalala que toutes ses amies et proches appellent par Bao, n’est plus à présenter pour avoir été cinq fois champion de Madagascar avec MIFA et SabNam. Spécialiste des coups de pied arrêtés avec une frappe du gauche terrible, Bao occupe le flanc gauche du milieu de terrain.
Sophie Farafanirina, une star à part entière
La quadruple championne de Madagascar avec SabNam et SOM, Sophie Farafanirina n’est plus à présenter car depuis quelques années, elle réincarne la réussite du football féminin à Madagascar.
Cette attaquante de pointe a un réel talent même si elle gagnerait encore à assurer ses coups lors de ses nombreuses échappées.