Une femme a été brûlée vive à Mananjary pour avoir profané des lieux sacrés. Madagascar, ta tolérance fout le camp ! Qui doit-on donner tort la victime y ayant introduit de la viande de porc interdite ou « la foule » qui, sans ménagement, a atrocement attenté à la vie d’une personne dont la santé mentale n’a pas été examinée ?
Toujours est-il que de plus en plus nous faisons preuve à de moins en moins de discernement et que dès lors qu’il y a un acte un tant soit peu délictueux effectué par un auteur, ce dernier devient l’objet de la vindicte populaire. Cette atmosphère baignée de puritanisme et de défiance envers l’autorité de l’Etat est apparemment explosive et peut être le ferment de troubles sociaux. Etre athée est synonyme maintenant d’être démoniaque et si l’on ne veut pas subir le matraquage d’un prosélytisme qui ne s’avoue pas, l’on est immédiatement fustigé. Et pourtant, ne vit-on pas dans un pays où théoriquement il n’y a pas de religion d’Etat et où la liberté de croyance ou de non-croyance devrait être protégée.
Mais ce qui se passe maintenant est grave, une fois, une gamine était tombée dans les pommes en classe. Ses parents ont trouvé comme cause que des voisins sous l’emprise de Satan lui ont « injecté » ce mal, explication contestée évidemment par le maître d’école qui a supposé seulement que la petite n’ayant rien pris le matin aurait simplement faim d’où cet évanouissement. L’incident en serait resté là, avec un quignon de pain et une tasse de thé chaud, mais non, les parents de l’élève sont allés voir le directeur et d’accuser l’instituteur d’être aussi un adepte de Satan et ils ont demandé au chef d’établissement de le renvoyer, sinon ils vont rameuter tous les parents d’élèves pour l’exiger.
Un autre fait, un passager d’un taxi-be, fatigué d’entendre un sermon diffusé à tue-tête par une radio évangélique, a demandé au chauffeur de changer de chaîne parce qu’il était obligé « de subir ce lavage de cerveau » disait-il. Réaction immédiate des autres passagers : « Impie » ! disent les uns « Descendez !» clament les autres.
Voilà, où nous en sommes ! Et ces anecdotes ne sont pas isolées et nous en étions déjà sûrement témoins.
Maintenant, tout est religieux. Tenez, à Antananarivo, il y a une boutique de mode qui utilise comme argument de ventes la croyance en Jésus. « Le Christ t’habille, viens acheter ! » et même dans les petits sachets de caca-pigeon l’on voit des petits mots comme « Jésus t’aime ». Si ce n’est pas du radicalisme religieux , ô dieu que ça lui ressemble !
M. Ranarivao



