Les Tananariviens sont très vite retournés à la dure réalité. Les derniers invités du Sommet de la Francophonie à peine partis, les travers de notre routine quotidienne réapparaissent et nous plongent dans un certain désarroi. L’autosatisfaction d’après sommet n’a donc pas tout à fait sa raison d’être.
Retour à la grisaille du quotidien
La capitale aux rues dégagées et à la circulation fluide semble en ce début de semaine appartenir à un autre monde. C’était pourtant l’image qu’on avait, il y a quelques jours quand on marchait à travers la ville. Les bonnes ou plutôt les mauvaises habitudes ont repris à Analakely. La cohue qui y règne après l’envahissement des trottoirs par les marchands et la reprise des rondes des agents municipaux nous replongent dans notre grisaille habituelle. La vérité, c’est que la population a très vite évacué les qualificatifs élogieux utilisés pendant ces dix jours et elle ne s’est pas considérée comme partie prenante de l’événement. Les cérémonies au CCI Ivato lui ont semblé bien lointaines et elle les a très vite chassées de son esprit. Pire, elle apprend que la fameuse rocade d’Antohatapenaka qui faisait la fierté des dirigeants n’est plus fonctionnelle et ne sera rouverte qu’en octobre 2017. Cette nouvelle n’a qu’à moitié surpris ceux qui avaient émis des doutes sur la qualité de l’ouvrage réalisé par la société chinoise. Le président de la République et toute son équipe se sont rendus à Paris pour essayer de convaincre les bailleurs de fonds de nous octroyer plusieurs milliards de dollars pour financer de nombreux projets de développement. Cela dépasse l’entendement du simple citoyen qui, pour l’instant, ne pense qu’à sa survie. La question qui pourrait le préoccuper n’est pas le montant des crédits qui pourraient être accordés, mais la manière dont ils pourraient être utilisés. Le chef de l’Etat et ses collaborateurs vont devoir être particulièrement convaincants à leur retour. Pour le simple citoyen, les belles paroles et les déclarations d’intention n’ont plus leur raison d’être. Ils ne demandent que du concret.
Patrice RABE