
En arrêtant le vice-président du MAPAR lors des funérailles de sa belle-mère, l’Emmoreg a enterré la sagesse malagasy et les valeurs républicaines.
48 heures après son arrestation en plein enterrement, l’audition de l’ancien ministre des Postes et des Télécommunications a débuté hier en début de soirée à la brigade de la Gendarmerie de Miarinarivo. Un dépaysement qui est justifié apparemment par les faits à lui reprochés qui relèvent de la compétence territoriale de ladite brigade, quand bien même son statut d’ancien ministre aurait permis son audition à Tana. Pourquoi pas tant qu’on y est, à la brigade de Gendarmerie d’Itaosy qui a dans son ressort, le tombeau familial du vice-président du MAPAR. Au moment où nous mettons cet article sous presse, l’audition continue encore du côté de Miarinarivo. Joint au téléphone, son avocat n’a pas confirmé si cette affaire sera déférée ou non au parquet ce jour. En tout cas, à entendre les explications du Commandant de la Circonscription Interrégionale de la Gendarmerie Analamanga, le Général Florens Rakotomahanina, 4 chefs d’inculpation pèsent sur l’ancien ministre des Postes, des Télécommunications et des Nouvelles technologies. A savoir, atteinte à la sûreté de l’Etat, réunion publique non autorisée, provocation de feux de brousse et violences contre les forces de l’ordre. On lui reprocherait d’avoir désarmé deux éléments des forces de l’ordre. Les mêmes chefs d’inculpation donc que ceux reprochés aux leaders du mouvement de Soamahamanina qui ont été placés sous mandat de dépôt à Antanimora. Il convient toutefois de noter qu’après le procès qui s’est déroulé le 4 novembre dernier, ces derniers ont été libérés au bénéfice du doute. Ils ont toutefois été condamnés à un an d’emprisonnement avec sursis pour avoir organisé une manifestation sans autorisation, le seul chef d’inculpation qui a donc été retenu contre eux. La question est donc de savoir si cette affaire Augustin Andriamananoro considérée par bon nombre d’observateurs comme « une intimidation politique contre les pro-Rajoelina », connaîtra le même dénouement.
Deux poids, deux mesures. Afin de justifier l’arrestation en plein enterrement et à l’occasion de la Journée Mondiale des Droits de l’Homme, le Commandant de la CIRGN, Florens Rakotomahanina d’expliquer qu’ « Augustin Andriamananoro n’a pas répondu à deux convocations ». On est en droit – au propre comme au figuré – de se demander s’il ne s’agit pas d’un deux poids, deux mesures par rapport au dossier Ambohimahamasina où la principale inculpée n’a pas non plus donné suite à deux convocations du Bianco. Et ce, dans une affaire de détournement de deniers publics qui est sur le plan pénal, un crime. Les faits pourraient également constituer un acte de déstabilisation dans la mesure où la commune et la population au détriment de qui le détournement a été commis, pourrait se révolter.
Affaire Ambatoasana. Justice à deux vitesses également par rapport à l’histoire d’Ambatoasana à Soavinandriana où le leader de l’association « Zanak’Androy » a annoncé lors d’une conférence de presse, l’organisation d’une expédition punitive « forte de 2 000 hommes » après le lynchage à mort de deux des leurs. Il y a même eu commencement d’exécution puisque les 2 000 hommes s’étaient effectivement mis en route, même s’ils devaient finalement s’arrêter avant le village d’Ambatoasana qui a été alors déserté par les femmes et les enfants. Pourtant, pour cette affaire, le président de l’association des « Zanak’Androy » n’a pas du tout été inquiété même s’il vient d’être condamné à une peine de deux ans avec sursis pour une autre affaire. Pour résoudre cette affaire, deux membres du gouvernement ont été dépêchés à Ambatoasana pour négocier avec les « Zanak’Androy ».
Arrestation programmée. De toute façon, l’arrestation d’Augustin Andriamananoro était programmée voire préméditée car depuis le mois d’octobre, des organes de presse inféodés au régime ont annoncé que « son arrestation l’attend ». Et ce, en mettant côte à côte Augustin Andriamanoro et le général Florens Rakotomahanina. Lequel ne pouvait certainement pas ignorer la présence du premier au concert de Rossy au « Kianjan’ny Kanto » à Mahamasina, c’est-à-dire à moins d’un kilomètre de la caserne de la Gendarmerie à Ankadilalàna. L’ancien ministre s’est également rendu chez son coiffeur à Antaninarenina, au vu et au su de tout le monde. Est-ce à dire que les indics et le service de renseignements de la Gendarmerie n’ont rien vu ? De toute façon, en arrêtant Augustin Andriamananoro lors des funérailles de sa belle-mère, l’Emmoreg a enterré la sagesse malagasy et les valeurs républicaines.
Davis R.