
Le Béninois investira l’Is’art galerie à partir de ce jour. Le sculpteur y exposera dix de ses œuvres jusqu’au 8 janvier.
Aux origines métissées, Richard Korblah dessine et peint depuis son plus jeune âge. Formé dans un premier temps aux techniques des arts décoratifs, de la calligraphie et de la sérigraphie, il est principalement autodidacte. Assez rapidement, il se tourne vers la sculpture, qui lui permet de donner relief et mouvement à ses œuvres. Il expose au Bénin, ainsi qu’à Miami, La Ciotat, Paris (galerie Vallois, Grand Palais lors de Art Paris Art Fair, Unesco, Carreau du Temple lors de la première édition de la foire AKAA), et à la biennale de la Havane (Museo Orgánico Romerillo).
Richard Korblah sculpte la toile de jute et l’agrémente de pigments variés. Inspiré par les traditions de son pays, le Bénin (« Bruits du Monde », « Amazone »), Richard Korblah est aussi influencé par ses voyages, dont son séjour à Madagascar (« Combat de Coqs », « Circoncision »). Plus généralement, de nombreux symboles ornent les sculptures de l’artiste, invitant les visiteurs à réfléchir sur des thématiques sociales, culturelles et politiques. 10 oeuvres seront présentées lors de cette exposition.
Lié aux traditions. Ethnographe, il recueille les paroles du monde, matérialisées dans les gestes, les rites, les valeurs qui le constituent et lui confèrent authenticité. Artiste, il les sublime dans les dessins, peintures, photographies, sculptures, ses miroirs du monde. Esthète, proche des modes de vie respectueux de la nature, il exalte leur beauté, beauté qu’il aime révéler à travers la souffrance, fardeau de l’être dans le monde, qu’il tourmente et exhibe, pour l’exorciser.
Exquise subtilité artistique, il va se tourner vers le Goodjia, rite d’initiation du peuple peul. Pas totalement perverti par la modernité, gardien d’expressions culturelles ancestrales, ce peuple conserve encore intacte la mémoire des traditions. La flagellation que les jeunes s’infligent lors de l’entrée dans la vie adulte, comme tout passage, est souffrance, mais la souffrance qui n’avilit pas est apprentissage et ils en sortent enorgueillis. On sort de la sensualité – les jeunes adolescents, parés de leur plus beaux atours, maquillés, portant des bijoux, exhibent leur corps androgynes, on entre dans l’émotion, pure, violente, exaltée par la couleur rouge du sang, provoquée par leur souffrance. Le sens, la mise en scène d’une beauté élégante transcendent la violence du geste.
Dès lors, entre sa réflexion et l’écho de la matière il y aura un seul flux, son souffle créateur. Peinture, collages de photographies partiellement détruites, symbole de la douleur, – images où brûlent les regards espiègles des jeunes filles, des futures épouses, des enfants qui assistent au spectacle – ses toiles en couleur ocre. Ocre – archaïques, barbares, tordues, contorsionnées – ses sculptures, orgies de la matière. Ses dessins, aires de jeu, enjoués, spontanés comme l’enfance d’où ils tirent leurs traits délurés, ses tableaux, formes irrégulières, peaux d’animaux tannées, tendues et séchées, ses sculptures, brutes narrations… Richard Korblah, à découvrir à travers ses « empreintes digitales », à l’IS’art galerie Ampasanimalo.
Mahetsaka