L’intersyndicale de la société d’Etat, Jirama, a annoncé par un point de presse que les employés de la Jirama observeront une grève d’avertissement à partir d’aujourd’hui. Elle se dresse contre la mise en concession privée de la centrale thermique de Mandroseza. Une centrale qui ne produit plus qu’à moins de 5 mégawatt alors qu’à sa création en 2008, elle distribuait huit fois plus. Cette diminution de performance explique les délestages que subit depuis des années la capitale. L’intersyndicale propose la réparation des équipements en panne pour combler le déficit.
A la croisée des chemins
L’idée rejoint celle du ministre actuel Horace Gatien qui a négocié il y a quelques mois, avec une branche sud-africaine de la société Wärtsilä un crédit fournisseur pour réaliser les travaux grâce à une garantie de la Banque Mondiale dans le cadre du Pagose (Projet d’amélioration de la gouvernance et des opérations du secteur électrique). L’Etat ne possède que le tiers du budget indispensable pour l’achat des pièces de rechange. L’Etat ne peut s’écarter des contraintes du Pagose qui lui imposent de diminuer progressivement ses subventions envers la Jirama. On se rappelle que pour sortir de cette difficile situation, le ministre a envisagé la hausse des tarifs de la Jirama. Il est vrai que, jusqu’à présent, les subventions ont toujours faussé les calculs et accru les pertes. La vérité des prix constitue une bouée de sauvetage pour la société mais les abonnés supporteront-ils ? Le pouvoir d’achat des ménages est au plus mal. Le paiement du coût de l’électricité de la Jirama constitue déjà une proportion non négligeable dans leur budget. De plus, la faillite actuelle de la Jirama ne vient pas d’eux, mais entièrement de la mauvaise gouvernance de plusieurs années. Il serait injuste de leur faire payer les pots cassés dont ils ne sont pas responsables. Mais le vrai problème est de trouver le montant faramineux manquant pour remplacer les pièces défaillantes des machines et faire tourner la Centrale électrique de Mandroseza. Dans le cadre d’une diminution des subventions de l’Etat envers la Jirama, cette solution risque de prendre du temps et de s’éterniser. La situation de la Jirama nécessite aujourd’hui beaucoup de réalisme. Les générateurs en panne sont nombreux. Les réparations à faire, le gasoil à acheter pour les faire tourner coûtent très cher. Un bailleur de fonds a dit à raison devant le gouffre financier « c’est un tonneau des Danaïdes ». Or, les abonnés ne souhaitent qu’une chose, la fin des délestages et de l’électricité bon marché. Symbion Power que repousse l’Intersyndicale est venu avec des propositions qui répondent aux attentes et qui peuvent soulager bien des problèmes. Cette société américaine propose d’injecter des capitaux considérables afin de réhabiliter la centrale de Mandroseza, et de l’exploiter en utilisant du fuel lourd, beaucoup moins cher que le gasoil. Le but est que la capitale dispose de plus d’électricité à un coût inférieur. Mais est-ce réellement une mauvaise option ?
Zo Rakotoseheno