
Comme les forces armées durant le défilé du 26 juin, les politiciens défilent eux aussi à leur manière…
Un défilé. C’est ce que l’on peut résumer ou qualifier les agissements des politiciens actuellement. En effet, ils tentent de se faire remarquer, un à un ou parti par parti – comme le font les forces armées durant le défilé du 26 juin – et ce, en prétendant avoir « la clé » de tous les problèmes du pays. Comme à l’accoutumée, le public est émerveillé ou habitué (c’est selon) par ces diverses gesticulations qui n’ont pas contribué à un changement positif et concret. En effet, à une année avant les présidentielles, ils se réveillent et l’on entend plusieurs propositions sporadiques selon lesquelles telle solution serait la bonne pour Madagascar. A l’instar de Joseph Yoland et consorts, à titre d’exemple, ils entendent mettre en place « un directoire de la refondation nationale » qui va diriger le pays avant les élections. De leur côté, le pasteur Edouard Tsarahame et les membres du RMTF (Rodoben’ny Malagasy Tia Tanindrazana ho amin’ny Fanorenana) proposent une nouvelle transition dénommée « Tetezamiampita ». Le constat est le même pour les politiciens de l’opposition : le régime Rajaonarimampianina n’arrive plus à servir le peuple et n’est plus à même de gérer à bon escient les affaires nationales. Que faire ?
Contradictoires. Certains soutiennent la mise en place d’un gouvernement d’union nationale où, comme son nom l’indique, les forces vives de la nation sont appelées à grossir les rangs. D’autres, comme le RMTF réfute toute idée de « cogestion » avec le HVM qui « est pourri et corrompu » selon ses termes. Par ailleurs, il y en a ceux qui soutiennent l’organisation d’élections présidentielles anticipées, le changement de Constitution, le référendum ou le plébiscite, la dissolution de l’Assemblée Nationale, etc. Et la plupart suggèrent la refondation et la reconstruction de Madagascar sans pour autant être sur la même longueur d’onde quant au chemin à prendre. De ce fait, la question selon laquelle « Faut-il organiser des élections anticipées pour mettre sur pied la refondation ou refonder en éjectant tous les dirigeants actuels de leurs places par n’importe quel moyen ? » se pose. Si nous nous référons à la Constitution de la Quatrième République, les articles 52 et 53 précisent que la vacance de poste du président de la République est constatée par la HCC « par suite de démission, d’abandon du pouvoir sous quelque forme que ce soit, de décès, d’empêchement définitif ou de déchéance prononcée ». Jusqu’à maintenant, l’un de ces motifs n’a pas encore vu le jour. Par ailleurs, la question de légitimité n’est pas non plus anodine. En effet, si les politiciens tentent d’échapper à la règle de l’alternance démocratique en razziant le pouvoir dans la rue, comme à l’accoutumée, il n’y aura point de légitimité pour les nouveaux dirigeants et Madagascar connaîtra une nouvelle époque de décadence.
Aina Bovel