Martin Rakotovao est un nationaliste reconnu qui a marqué sa génération durant les moments forts de la lutte pour l’Indépendance. Il aurait 104 ans aujourd’hui. Vendredi dernier, l’Académie Malagasy a réservé une journée entière pour faire revivre la mémoire de cet ancien journaliste devenu homme politique qui a milité corps et âme contre la colonisation française. Histoires et témoignages ont retenti, vendredi, pour rappeler les engagements de Martin Rakotovao. En effet, universitaires, historiens, politiciens et activistes, et d’autres membres de sa famille, ont démontré à quel point l’indépendance malgache lui était chère. Tout le monde lui reconnaît alors so´ dévouement pour la cause nationale. Il a combattu dans les rangs du MDRM, étant lui-même parmi les membres fondateurs de la branche malgache de ce mouvement nationaliste né en France. Martin Rakotovao a été de la même trempe que ces grands noms tels que Ravoahangy, Raseta ou Jacques Rabemananjara. En tout cas, il a milité à leurs côtés ce qui lui a valu une condamnation à perpétuité par l’administration coloniale. Pourtant, il ne s’est pas découragé. Le retour de l’Indépendance a boosté sa carrière politique. Il est élu député de Madagascar en septembre 1960. Et en août 1991, alors qu’il avait 72 ans, fait encore figure de leader lors de la « marche du 10 août » vers le palais d’Iavoloha pour destituer le régime Ratsiraka.
Débat
Anglican convaincu, Martin Rakotovao est également connu pour avoir été à la manœuvre dans la naissance de l’œcuménisme malgache. Il a encore porté ses engagements au bénéfice du conseil œcuménique des Églises chrétiennes dans les années 80. Alors qu’il a été membre du Filankevitra ekomenika ho an’ny fianinam-pirenena (Fiefip), « Il a contribué activement au débat sur l’analyse des affaires nationales que nous avons entretenue au niveau de cette instance » a témoigné, vendredi dernier, Raymond Ranjeva, ancien juge international et past président de l’Académie malgache. Son militantisme et l’envergure de son engagement ont impressionné ceux qui l’ont connu à l’époque.
Corps enseignant
La politique est un terrain de prédilection pour Martin Rakotovao, et l’éducation une vocation. Il a beaucoup marqué l’histoire des œuvres sociales de l’institution anglicane malgache. Il a été le directeur de 1960 à 1990 du collège Saint-Laurent Ambohimanoro, de l’école Avaratranjoma et de l’école Saint-Paul Ambatoharanana. Après l’Indépendance, il s’est voué aussi à l’éducation en étant, à cet effet, le premier directeur national des écoles anglicanes à Madagascar. Ses compétences et sa rigueur sont reconnues par les dirigeants de cette Église ainsi que ceux qui l’ont côtoyé à son époque. « Il m’a soutenu pour devenir membre du corps enseignant des écoles anglicanes à Madagascar », a affirmé François Rajaoson, président de l’Académie Malagasy, lors de la journée du vendredi 26 mai dernier qui a été dédiée par cette institution pour la mémoire de Rakotovao Martin. « C’est dans le cadre de l’enseignement anglican que j’ai côtoyé Martin Rakotovao de son vivant » a témoigné le professeur émérite en sociologie lequel n’a pas manqué de souligner que le nationaliste qu’il était a aussi « marqué l’histoire des écoles anglicanes à Madagascar ».
Rija R.
A suivre le récit, il s’agit ici d’un homme d’une trempe exceptionnelle dont l’Académie Malagasy peut s’enorgueillir.
Il a connu un parcours long, sinueux et difficile à l’instar de tout combattant.
Sa place est et doit être dans les livres d’histoire d’autant que des recherches approfondies sont à entreprendre.
Un domaine où les contributeurs sont plutôt chiches.