
Entre 4% et 10%. En termes d’accès aux services d’assainissement et d’hygiène, Madagascar affiche un taux parmi les plus faibles au monde, tandis que le secteur eau-assainissement-hygiène ne bénéficie que de 0,2% du budget de l’Etat.
En matière d’accès à l’eau-assainissement-hygiène (EAH), Madagascar reste en queue de peloton. Pour certains groupes de population – à savoir les plus vulnérables telles que les personnes handicapées, mais également les enfants et les femmes, ainsi que les populations des zones les plus reculées et enclavées – le taux d’accès à l’assainissement et à l’hygiène chute jusqu’à 1%, note l’Organisation de la société civile – Eau Assainissement Hygiène (OSCEAH). « Marginalisés et laissés de côté, ces groupes de population sont peu considérés dans les politiques et les divers financements dans le domaine de l’EAH. Notre organisation œuvre en faveur de ces personnes afin d’améliorer leur accès aux services d’assainissement et d’hygiène, un droit fondamental pour toute personne », a déclaré Arsène Raveloson, président de OSCEAH.
Bonnes pratiques et retours d’expérience. Hier, cette organisation a réuni au BUCAS Antanimena plusieurs acteurs œuvrant dans le domaine de l’EAH, pour un atelier de retour d’expérience dans la région Analamanga. Objectif : identifier trois bonnes pratiques permettant d’atteindre les groupes défavorisés et les personnes marginalisées en matière d’assainissement et d’hygiène. C’est dans ce cadre que l’ONG internationale WaterAid et le projet WSUP (Water and Sanitation for the Urban poor) sont intervenus et ont présenté leurs expériences respectives sur la question. Ces deux entités sont intervenues à Morondava, d’une part ; et à Mahajanga, Toliara et Antananarivo, d’autre part.
Morondava. Dans le cadre de son projet d’amélioration des conditions de vie des ménages pauvres et vulnérables de la commune urbaine de Morondava, WaterAid a mis le doigt sur un problème socio-économique longtemps resté non résolu, avec pourtant d’importantes répercussions anti-économiques, Morondava étant une zone à fort potentiel touristique. La pratique de la défécation à l’air libre, et notamment sur la plage et dans la mer, est particulièrement tenace. L’intervention de WaterAid sur place consistait à fournir de l’eau potable à des communautés vulnérables, et à appuyer leur accès à l’assainissement, tout en éduquant ces mêmes communautés sur les pratiques d’hygiène. Plus de 11 000 personnes ont pu bénéficier de ces interventions.
Approche. Dans la pratique, il fallait entendre les voix des personnes marginalisées en matière d’EAH. Les interventions ont été menées selon l’étude de base EAH quantitative et formative. Via le marketing de l’assainissement, des technologies adaptées à la capacité de paiement des communautés cibles ont pu être identifiées. Concrètement, les communautés, une fois informées sur l’importance de l’EAH et de l’impact direct de celui-ci sur leurs conditions de vie, ont opté par elles-mêmes pour l’auto-construction de latrines hygiéniques, avec des moyens et techniques à leur portée. Ces communautés ont été accompagnées dans leur projet et ont pu bénéficier d’une option de paiement échelonné, facilitant ainsi leur accès à des latrines propres et aux normes.
Tana, Mahajanga et Toliara. Pour sa part, WSUP a partagé son expérience en matière d’accès à l’EAH par les populations défavorisées des zones urbaines à Antananarivo, Mahajanga et Toliara. L’approche adoptée est basée sur la demande des populations, à travers une démarche consultative et participative, permettant aux cibles de réaliser un autodiagnostic des besoins en matière d’EAH. Dans sa démarche, WSUP souligne l’implication des principaux fournisseurs des services, notamment la société nationale d’eau et d’électricité JIRAMA. Une série de renforcements de capacités au niveau des fokontany, des communes ainsi que des opérateurs locaux et des gestionnaires, a permis de bien huiler le mécanisme et d’atteindre les objectifs fixés.
Au terme de l’atelier d’hier pour Analamanga, OSCEAH portera les bonnes pratiques et retours d’expérience ainsi partagés à la connaissance des décideurs et responsables gouvernementaux. Ce, dans le cadre de la politique mise en œuvre par le gouvernement malgache en matière d’EAH. Notons que d’autres ateliers similaires ont également déjà eu lieu dans les régions Haute-Matsiatra et Alaotra-Mangoro.
Hanitra R.