Les bénéficiaires n’ont pas encore reçu un seul centime de cet argent. Cependant, elles font preuve d’enthousiasme pour participer au projet.
400 000 Ar par personne, c’est beaucoup comparé à ce qu’elles peuvent gagner dans les passes. Ce fonds de reconversion, va permettre à 105 prostituées de Tana soigneusement sélectionnées, de changer une vie, en faisant des activités professionnelles plus «convenables», dans le futur. A l’issue de plusieurs séries de formation professionnelles, suivies d’une enquête sur terrain et d’un renforcement de compétences, ces «mpijoro» peuvent oublier le passé et opter pour une carrière professionnelle plus lucrative et plus convenable. Et ceci grâce à l’initiative de MYE Ong (Malagasy Youth Education), en bénéficiant de l’appui financier du Secrétariat Exécutif du Comité National de Lutte contre le Sida (SE/CNLS). Ces nouvelles bénéficiaires ont maintenant l’opportunité de développer les activités génératrices de leur choix. Beaucoup affirment de ce fait vouloir devenir des commerçantes, dans le bon sens du terme. Si le projet a donné 50% de réussite lors de la première vague constituée de 45 bénéficiaires vers 2012, cette fois-ci, MYE Ong veut assurer le maximum de réussite. Sa stratégie, créer un compte épargne pour chacun des bénéficiaires et d’y verser la somme évoquée. Il appartient à celles-ci après de choisir les activités professionnelles qu’elles veulent développer. Toutefois, bien que la somme à attribuer va devenir un «fonds perdu», c’est-à-dire ne nécessitant pas de remboursement, le suivi des relevés bancaires ainsi que la mobilisation des animateurs sur terrain va permettre d’une certaine manière à l’Ong de savoir si l’argent a été utilisé à bon escient.
Viser les autres régions. Par ailleurs, Tojohery Ramaromandranto, directeur exécutif de MYE Ong de préciser que normalement, ce fonds devrait être divisé en deux parties. La première moitié va permettre d’acheter des équipements. Et l’autre moitié sera réservée à l’achat des consommables et au fonctionnement. «Je suis tout à fait prête à ne plus me prostituer quand j’obtiendrai cette somme d’argent. Mais en attendant, je dois encore continuer à le faire puisqu’il me faut nourrir mes enfants», confie Claudia R., l’une des bénéficiaires. La cérémonie de remise officielle de quelques comptes bancaires s’est tenue hier, au Falda Antanimena, en présence des 105 bénéficiaires, ainsi que des différents représentants des autorités locales. Quoi qu’il en soit, la question est de savoir si vraiment, la remise de cet argent va réellement permettre la réussite de cette réinsertion professionnelle tant espérée par les initiateurs du projet. Mais MYE Ong projette quand même d’élargir sa zone d’action dans les autres régions de Madagascar, en visant de nouvelles bénéficiaires. Financé par le Fonds Mondial, ce projet s’aligne au Plan Stratégique National du SE/CNLS. C’est aussi une autre manière de renforcer la lutte contre le Sida à Madagascar.
Arnaud R.